Musique.
Bonjour, je suis Alexis Nicolas. Dans ce podcast, je vous propose de partir
avec moi en quête de sobriété.
Pour en finir avec la démesure de notre époque et pour vivre dès maintenant, dans le futur.
Mais en tant qu'ingénieur, salarié, homme, blanc, cis, hétéro,
la sobriété, c'est pas gagné.
Et oui, l'attrait pour la démesure affecte avant tout les personnes privilégiées.
Musique.
Épisode après épisode, théorique ou pratique, je mène l'enquête avec mes invités.
Bonne écoute ! Salut
David ! Salut Alexis ! Alors David, tu as un projet génial,
un peu voire complètement fou, en tout cas très réfléchi,
que je trouve documenté aussi et qui nécessite des compétences techniques hallucinantes
et beaucoup de temps pour prendre forme.
Le nom de code de ton projet, c'est La Brioche.
Alors, ça fait un petit peu de suspense, on va explorer tout ça ensemble,
mais la brioche, c'est l'objet de notre épisode.
C'est ce dont on va parler là, ensemble, pendant 40 minutes.
Donc, on va échanger avec toi pour comprendre qu'est-ce que c'est que la brioche,
ce qu'elle t'a fait aussi, qu'elle t'a fait sur toi, sur ta famille,
autour de toi, et en mêlant un petit peu réflexion théorique et mise en pratique.
Alors, peux-tu nous en dire plus sur toi et sur la brioche ?
Oui, bien sûr. C'est un vaste programme, tout ça.
Eh bien, aujourd'hui, moi, j'ai 37 ans. Je suis en couple. J'ai une petite fille qui va avoir 6 ans.
Et je te parle depuis Briançon, qui est une ville pas très connue des Hautes-Alpes,
qui est aussi un coin pas très connu de France.
Et j'insiste là-dessus parce que c'est une ville un peu particulière.
Elle a un caractère un peu insulaire. On est vraiment pris au milieu des montagnes.
Il n'y a pas de polarité qui pourrait exercer une grande ville à côté.
Du coup, il y a une ville locale qui est assez riche, une vie associative, tout ça.
Et donc ça c'est une bulle à part entière cette ville et en même temps il y
a une spécificité c'est qu'on est accolé à une grosse station de Cerchevalier,
qui est comme une espèce de deuxième entité de deuxième bulle et il y a toujours
un équilibre très précaire entre ces deux bulles à savoir la vie à l'année, brillant-sonnaise,
et la station la vie hivernale, le tourisme avec souvent la deuxième bulle qui
a tendance à grossir et à vouloir bouffer la première,
voilà du coup c'est dans ce cadre là que moi je construis cette petite maison
qui s'appelle la brioche.
Ok, donc la brioche, c'est une petite maison. Oui, donc la brioche,
c'est une petite maison qu'on reconstruit.
Je crois que c'est le terme le plus juste parce que c'est sur le terrain de
mes parents qui habitent là depuis une dizaine d'années.
Et sur ce terrain, face à leur maison, il y avait une petite construction existante,
qui était, on ne sait pas trop, peut-être une cabane de chasse à l'origine qui
a évolué, qui est devenu un poulailler, un clapier, tout ça,
qui faisait à peu près 30 mètres carrés.
Et puis, moi, ça a toujours été un peu un rêve de retaper ce petit machin,
en me disant en même temps, à l'époque, j'étais célibataire,
je ne trouverais jamais une copine si je retape un truc à 5 mètres de chez mes parents.
Ok, et visiblement, si. En tout cas, il y a eu acceptation de partager ce projet
un peu fou ensemble avec ta copine.
Oui, voilà, j'ai eu la chance de tomber sur une fille pour qui la vie n'est
pas que facile, et puis qui s'est dit, mais qu'est-ce qu'on attend ?
C'est tellement compliqué de pouvoir retaper un truc, d'être propriétaire,
tout ça. Là, ça nous tombe dessus.
Allons-y, on y va. Et voilà, c'était parti. C'était en 2019, ça.
Que la décision de se lancer dans l'aventure, alors elle ne se nommait pas encore
La Brioche, si j'ai bien compris, mais le choix en 2019, c'est là où ça s'est
fait, de se lancer dans l'aventure. Oui, c'est ça.
Du coup, c'est une démarche qui est presque poétique à l'origine,
parce qu'on est ensemble depuis pas longtemps avec ma copine.
On est tout amoureux. Il y a un côté à vouloir se créer un peu un nid douillet.
À se dire un peu tout est possible, voilà, allons-y, on se lance,
on est fou, qu'est-ce qu'on attend ? Voilà, donc qui n'était pas forcément la
réflexion la plus aboutie, la plus rationnelle qui soit.
Mais voilà, ça c'est pour expliquer un peu ce premier geste,
c'était vraiment allez, on y va, on a tous les deux envie, on verra bien, quoi.
Transformons ce poulailler en quelque chose, enfin ce poulailler ou cet autre espace-là.
Ok, donc ça c'est l'histoire de la brioche. Exactement. Donc cette petite maison,
je ne sais pas si c'est le bon nom ou pas, mais de nous dire un peu pourquoi
la brioche ? Est-ce qu'il y a une référence ? Est-ce qu'il y a des explications
là-dessus ? Et puis, quelles sont ses spécificités plus largement ? Au début ?
Ça ne s'appelait pas du tout la brioche, parce que là, je te parle du côté poétique,
mais il y avait aussi un côté très lourd, administratif, à déposer un permis
de construire, à budgéter un peu tout ça.
Et je me rappelle qu'à l'époque, on avait dû prendre un architecte pour nous
accompagner, pour déposer un permis de construire. Et pour un architecte,
ce bâtiment, ça s'appelle une annexe.
Donc, c'était loin d'être poétique, mais on a appelé longtemps ça l'annexe,
l'annexe, jusqu'au jour où je crois que j'ai un ami dont la compagne attendait
un enfant. où il disait « elle a une brioche au four », et j'ai trouvé ça très poétique.
Et je me suis dit « tiens, la brioche, ce que je fais, ça ressemble à un abri,
un brichot, l'abri chaud, à la brioche ». Voilà, ok, association d'idées.
Voilà, on est passé de l'annexe très administrative à la brioche.
Ok, mais du coup, c'est intéressant, c'est un peu le passage du projet,
comme tu dis, un peu administratif, un peu froid, à l'appropriation au cocon,
au côté abrichot, comme tu dis. Oui, complètement. Donc c'est intéressant.
Et puis, par rapport à ce que tu demandes à l'origine, c'est l'envie aussi de
faire une petite maison sans emprunter d'argent.
C'est un peu un challenge, sans emprunter d'argent aux banques en tout cas.
Avec très peu d'argent sur mon compte. Moi, j'avais peut-être 35,
40 000 euros à l'époque sur mon compte en banque.
Je m'étais dit peut-être que comme je l'achète à mes parents,
il peut y avoir une avance sur héritage. Puis non, ça ne s'est pas fait comme
ça. Du coup, il m'a fallu leur acheter le terrain.
Du coup, j'ai mis quasiment la totalité de mes économies dans l'achat du terrain,
l'obtention du permis de construire et du coup on s'est retrouvé propriétaire
d'un petit terrain de 150 mètres carrés,
avec un projet de construire une maison, de reconstruire une maison de 75 mètres,
80 mètres carrés à peu près, mais plus aucun argent en poche il nous restait
quelques milliers d'euros et c'est là qu'il a fallu faire un peu des choix,
c'est-à-dire qu'on s'est dit est-ce qu'on continue ou est-ce qu'on continue pas.
Qu'est-ce qu'on fait de cet argent comment faire alors qu'on sait très bien
qu'on n'aura pas l'argent pour finir ce projet,
Et du coup, on s'est dit, allez, on se lance, on verra bien.
Mais il faut du coup qu'on se donne comme objectif de finir l'enveloppe.
Ça veut dire d'avoir le fameux clocou vert, le hors-deux hors-d'air,
pour avoir un toit, des murs et des menuiseries, et que ce qu'on ait fait jusqu'à
là ne se dégrade pas si jamais on n'a plus l'argent pour le continuer.
OK, donc d'abord faire ce cocon par anticipation de si jamais on était bloqué,
il faudrait que ce soit à minima protégé.
Et donc le hors-deux hors-d'air, si vous n'êtes pas habitué des constructions,
hors d'eau, hors d'air, c'est de se protéger de la pluie et de se protéger du
froid et des variations de température de l'extérieur, hors d'eau,
hors d'air, c'est l'enveloppe en fait, c'est ça, de la brière.
Donc ça a été vraiment notre objectif et ça l'est encore aujourd'hui ?
Je me souviens, moi, la première visite de la brière, je ne me rappelle plus
très bien l'année, mais ça devait être probablement dans les 2021,
je dirais, quelque chose comme ça.
C'était justement hors d'eau, c'est-à-dire que le toit a été fait,
mais il n'y avait pas encore les murs, donc il n'y avait que la charpente.
Et d'ailleurs, c'est pas,
habituellement. Habituellement, on construit plutôt les murs, puis le toit.
En tout cas, c'est souvent comme ça qu'on le fait, en tout cas si on le fait
d'une traite et qu'on va vite en termes de temps.
Je me rappelle qu'on avait une longue discussion sur le fait que d'abord,
tu as construit le toit et la charpente pour avoir un espace protégé,
pour ensuite prendre le temps, mais parce que tu savais que tu en avais pour
un an, deux ans, trois ans, dix ans, tu ne savais pas trop encore à l'époque.
Et pour avoir cet espace un peu abrité, tu as commencé par la toiture, par la charpente. Oui.
Après, ce n'est pas moi qui ai inventé ça, ça existe, mais je trouvais ça vraiment
pertinent dans le sens où je savais que j'avais travaillé beaucoup seul sur
cette maison, donc très lentement, et avec beaucoup de matériaux putressibles,
des matériaux naturels,
pour la plupart, ça veut dire du bois, de la paille, des matériaux qui n'aiment pas l'eau.
Et du coup, en me disant que je vais avancer doucement, si je commence par un
sol, par des murs, et que tout ça prend l'eau parce que je n'ai plus d'argent,
j'aurais fait tout ça pour rien.
Je vais être en dépression pendant 10 ans de ma vie.
Et c'était pas le but. C'était pas le but. Du coup, voilà, c'est un peu la logique
de se dire, il faut que j'arrive à faire d'abord un toit.
Et du coup, comment faire un toit ? Comment le porter sans les murs ?
Et voilà, ça a été une réflexion très complexe, avec beaucoup d'éléments à prendre
en compte, qu'on aboutit un peu au choix de ce qu'on appelle un poteau-poutre.
En construction bois, c'est l'idée qu'on a une structure qui est faite de grosses
poutres et de gros poteaux à peu près tous les 3 mètres, plutôt que l'ossature
bois telle qu'on la connaît, avec des petits montants, tous les plutôt 60 cm.
Donc voilà, c'est vraiment un autre
système constructif qui reste de la construction bois, mais différente.
On est sur des poteaux tous les 3 mètres et ça peut porter un toit sous réserve
qu'on arrive à stabiliser tout ça, à le contreventer le temps que les murs viennent
aussi conforter tout ça.
Et alors contreventer, c'est pour éviter la déformation. Donc si on a deux poteaux
comme ça, c'est pour qu'ils restent bien verticals et qu'ils ne se déforment
pas en penchant ou contre le vent.
Justement, c'est avec trop de vent qu'ils puissent se déformer, c'est ça ? Oui, c'est ça.
C'est-à-dire que dans une maison, il y a des charges qui s'exercent du haut
vers le bas, qui peuvent être des charges de neige, le poids propre de la toiture, les étages, tout ça.
Mais ceux-là ne sont pas très durs à renvoyer jusqu'au sol.
Et paradoxalement, les efforts les plus durs, ce sont les efforts qui sont latéraux,
les efforts du auvent, où justement, si un bâtiment commence à se pencher...
Là, tout d'un coup, il va y avoir des efforts qui ne sont pas du tout prévus
dans la structure et qui vont faire que ce bâtiment-là va se coucher et ce n'est pas le but.
Voilà. Alors, désolé, auditeur-auditrice, c'est peut-être un petit peu technique,
mais ça nous montre aussi les compétences.
Mais peut-être que tu peux préciser, il me semble que tu avais des compétences
avant de te lancer dans ce projet-là.
Tu avais un peu travaillé quand même dans la construction, dans le bâtiment
ou je me trompe ? Non, non, j'ai un parcours là-dedans. Tu as raison.
OK. Moi, j'ai un parcours assez classique de bon élève en filière générale,
suite à quoi je fais une préparatoire littéraire, je bosse beaucoup.
Mais ça se passe bien, mais je dis « Jean, tu es à la fin de ma prépa,
j'en peux plus, je suis sous antidépresseur, je me pose des grandes questions.
» Et là, il y a un ami qui m'invite à une journée porte ouverte chez les compagnons
du devoir, et puis quelques mois plus tard, je suis inscrit en CAP charpente chez eux.
Donc ça commence un peu comme ça, avec une volonté de faire quelque chose de concret, je pense.
Il y a beaucoup de gens qui sont confrontés à ça, j'imagine.
Et du coup, voilà, j'ai enchaîné un CAP en charpente chez les compagnons.
Après je me suis dit c'est chouette j'apprends à tailler du bois à mettre des
clous mais pourquoi on met telle section pourquoi on met tant de clous,
pourquoi tant de boulons et j'avais besoin de comprendre un peu plus et ça je
me suis rendu compte que j'allais le trouver plutôt,
en études supérieures du coup je suis reparti sur un BTS, une licence pro pour
voir plutôt le côté bureau d'études qui est bien complémentaire ces métiers
là se séparent en deux on a un côté très culture du métier,
traditionnel la taille manuelle les grosses sections les tonons mortaises les
chevilles et puis un autre côté du métier qui est le dessin sur ordinateur la conception assistée,
et j'avais besoin je crois de voir un peu ces deux parties ouais de faire les
deux ok voilà du coup je pense que j'ai eu la chance d'avoir un bon bagage là-dedans avant de me lancer
ce qui je pense t'a donné une certaine assurance ou en tout cas un minimum même
si tu connaissais peut-être pas tous les éléments auxquels t'allais être confronté
mais de savoir que tu pourrais chercher et tu pourrais trouver des solutions au cas par cas oui,
Puis paradoxalement, je trouve pendant ces quatre années d'études,
on nous enseigne beaucoup à dimensionner une structure, à tailler une structure.
Et en fait, quand tu regardes autour de toi, il y a très peu de maisons qui s'effondrent.
Ça ne fait pas partie du quotidien dans les journaux, à la télé.
Il y a des fois un balcon qui s'effondre ou un vieil immeuble à Marseille,
mais des structures qui s'effondrent, c'est très rare.
Du coup, à un moment, il y avait quelque chose d'un peu absurde où j'avais l'impression
d'apprendre à faire quelque chose que finalement peut-être un autoconstructeur
pourrait faire de lui-même de façon plus empirique.
Et du coup, j'ai besoin d'aller chercher autre chose, d'aller chercher ailleurs.
Et c'est là que j'ai découvert un peu par moi-même la thermique,
l'approche bioclimatique, qui est l'idée de dire on peut se chauffer avec des
apports directs, on peut optimiser le volume, l'orientation,
la situation, l'implantation.
Voilà, et ça, ça m'a vraiment intéressé. Du coup, petit à petit,
je me suis désinvesti, désintéressé de l'approche technique et vraiment technique
de la charpente pour m'intéresser plus à titre personnel à ces questions-là.
C'est hyper complémentaire parce que du coup tu maîtrises le fer,
en tout cas tu connais ou tu as des savoir-faire dans la pratique,
tu as des connaissances un peu plus dans la théorie et après toutes ces questions
bioclimatiques, tu vas questionner l'emplacement, la situation et de réancrer le bâtiment,
non pas en théorie n'importe où mais dans un territoire.
Ça me permet d'ailleurs de revenir à Briançon.
Donc, la brioche se situe à Briançon. Et Briançon a aussi quelques spécificités
qui font qu'on ne construit pas une maison de la même façon.
En tout cas, si on prend en compte les éléments bioclimatiques,
on ne construit pas de la même façon une maison à Briançon que dans Limousin,
par exemple. Oui, bon exemple.
Oui, c'est pour ça que je disais aussi que c'était important pour moi de dire que je suis à Briançon.
On est à la montagne, à 1200 mètres d'altitude. Je construis un endroit sur un versant plein sud.
On a un air qui est sain, très peu pollué, qui est très sec aussi ?
Et on a, pour moi, un des climats les plus intéressants par rapport à la question
bioclimatique, c'est qu'on a des hivers très froids, très rigoureux,
et en même temps, énormément d'ensoleillement, ce qui n'est pas le cas,
par exemple, en Savoie ou en Haute-Savoie, où on va avoir des hivers plus, plus vieux.
Et en même temps, on a des étés très chauds, très secs. Donc,
on a un peu la double contrainte de devoir, si on veut faire une maison confortable,
il faut qu'elle le soit l'été et l'hiver.
Et ça, ce n'est pas forcément dans beaucoup d'endroits en France qu'on a un
peu cette double contrainte.
Et alors, qu'est-ce que t'as rencontré comme grande question,
comme peut-être doute dans cette construction, que ce soit les éléments de construction,
peut-être les éléments, on parlait tout à l'heure de contre-vantages,
donc de structures qui encaissent le poids, etc. On parlait aussi de dimensionnement.
Et là, on vient de parler de climat. Tu as parlé de prise de soleil, tu as parlé de volume.
Dans ce cheminement, et bien sûr, on ne pourra pas tout aborder,
mais quels sont les grands questionnements ?
Et je crois aussi qu'il y a une spécificité quand même de la brioche qu'on n'a
pas mentionné, avec cette contrainte financière initiale.
Ta ou votre conclusion a été de la construire entièrement en matériaux de récupération,
c'est ça ? Alors pas entièrement, ça serait prétentieux.
Mais oui, en fait, c'est une conséquence directe du constat qu'on avait peu
d'argent et qu'il fallait qu'on arrive à ce fameux clos couvert.
Ça a été de se dire, il faut qu'on récupère des matériaux, il faut qu'on arrive
à réemployer, à faire le moins possible de redondance, pas de doublons,
et comment trouver ces matériaux de récup, comment optimiser tout ça.
Et ça, c'est vraiment le cœur de la brioche et c'est ce qui m'anime aujourd'hui
et c'est ce qui me donne envie de parler avec toi à ce micro aujourd'hui.
Je trouve que là, s'il y a une spécificité de ce que je fais,
c'est vraiment le réemploi. Ok.
Alors, est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus avant qu'on retourne
sur ces grandes questions que je voulais aborder là ? Mais peut-être qu'on reste
sur cette question-là du réemploi.
Ça veut dire quoi au quotidien ? Il ressemble à quoi ton quotidien dans ces questions de réemploi ?
Qu'est-ce que ça exige comme temps de travail, comme recherche ?
Quelles sont ces spécificités ? Eh bien, pour moi, pour répondre à ça,
il faut que je te parle un peu de la façon dont j'ai pensé cette brioche.
Du coup, avec toutes ces contraintes de « on a peu d'argent,
il faut qu'on arrive au clos couvert.
Comment y arriver ? Comment optimiser ? » Il y a un gros travail d'optimisation
derrière, en disant « il faut que je sache quoi chercher comme matériau et mettre
la bonne quantité et la bonne nature de matériau au bon endroit.
» Et ça, c'est une grosse, grosse réflexion sur ce chantier.
L'idée, c'était un peu de se dire, cette brioche, cette enveloppe,
je vais penser ça un peu comme un corps humain.
Donc, on peut imaginer qu'on a à l'intérieur, on a le squelette qui est continu
et il n'y a jamais un bout d'os dans un corps qui va sortir à l'extérieur.
Le squelette est toujours intérieur et il est toujours protégé. Exact.
Du coup, je vais m'inspirer ça et le squelette, ça veut dire ce qui va être
la charpente de ma maison, va être complètement à l'intérieur et ne va jamais dépasser.
OK. Ensuite, à l'extérieur d'un corps, on a la peau et dans la maison,
il y a la même image. À savoir, la peau, elle est continue.
Il n'y a pas un endroit où la peau laisse passer ce qu'on veut.
Donc, on a une peau qui va être extérieure et qui est absolument continue.
Et entre les deux, on va dire la chair et tout ce qu'il y a,
qui est un peu l'épaisseur du corps.
Du coup, cette maison, je la vois un peu comme ça. Ça veut dire,
je conçois un squelette, ça veut dire qu'il me faut des barres.
On est en une dimension, là, il faut que je trouve des barres.
La peau, il me faut des surfaces. Et la chair, il faut du volume,
il faut créer du volume entre ces deux, entre le squelette, les barres et les surfaces.
Et tout ça, passer à la moulinette, un peu du durable, de l'écologie,
du développement durable, de tout ce que tu veux, Ça donne, en gros,
les volumes, je vais trouver des bottes de paille plutôt que des parpaings.
Les barres, je vais trouver des barres en bois plutôt qu'en métal.
Et les surfaces, il faut que se trouvent des panneaux, des planches de récup,
des membranes, de l'enduit de récup.
Toute la démarche, elle part un peu de cette réflexion sur comment construire
et qui va amener qu'est-ce que je vais trouver.
Et s'en suit un gros travail de recherche de poutres.
Je te raconterai une petite histoire, si ça t'intéresse après,
de la façon dont je m'y prends pour récupérer tous ces matériaux. Ben ouais, carrément.
Et ta veille, parce que j'imagine que c'est une occupation, j'allais dire à
plein temps, en tout cas assez intense, de veille, de recherche,
voire d'aller chercher, d'acheter, etc.
C'est un vrai temps et qu'il faut prendre en compte dans l'acte de construire
parce que ça mange du temps de construction en même temps. Eh oui.
Donc, il faut arriver à prospecter.
À stocker, sans que ça occupe toute la place du chantier, sinon il n'y a plus
le temps pour agencer tous ces éléments.
Pour donner un exemple, un jour j'allais au champignon dans un hameau à côté.
On est en début de printemps, la végétation commence tout juste à sortir,
il y a encore un peu de neige,
et puis je ne trouvais aucun champignon, du coup je m'apprête à rentrer,
et puis en fait je vois dans un roncier, ce qui a l'air d'être un tas de poutres,
et je m'approche et je vois qu'il y a une trentaine de poutres treillies,
c'est des vieilles poutres qui ont servi à couler des dalles de maçonnerie. D'accord, ouais.
J'essaie de trouver un propriétaire, je rencontre quelqu'un,
on parle un peu, et puis en fait, il me dit qu'il n'a plus besoin de ça,
et qu'il me l'essaie d'avec plaisir si ça peut avoir une nouvelle vie.
Et du coup, ce jour-là, je suis reparti avec zéro champignon,
mais je suis reparti avec la totalité de ce qu'il me faudra pour construire
toute la structure de ma maison.
Ah ouais, ok. Du coup, c'est un événement un peu fondateur, ça veut dire qu'en
un jour-ci et sans l'avoir cherché, je me retrouve avec de quoi faire une charpente,
avec de quoi faire des poteaux, ce fameux poteau-poutre, avec de quoi faire
un solivage, des planchers bois.
Et c'est là que le projet part vraiment, en me disant, allez,
si j'arrive à trouver ça à côté de chez moi, gratuitement, c'est que c'est possible,
c'est que j'ai envie de croire et on continue.
Ok, et tout ça en cherchant des champignons à la base, excellent.
Et ça a nécessité beaucoup de travail, que ce soit les récupérer,
les retaper, parce que s'ils étaient là, peut-être qu'ils étaient en mauvais état.
Enfin, je ne me rends pas compte de ce que ça veut dire de récupérer ces poutres.
Pour moi, c'est peut-être là que je trouve que j'ai eu la chance d'avoir de
l'expérience en charpente avant de me lancer là-dedans.
Ça veut dire que je me trouve assez compétent pour arriver à dire visuellement
ou alors en bûchant, ça veut dire en enlevant un peu de matière dans du bois,
arriver à dire là, est-ce que j'ai du bois qui est pourri ou qui peut mécaniquement servir encore ?
Et ça, ça demande quand même une lecture qui vient avec l'expérience avec le temps.
Et après, c'est beaucoup de travail pour que ça devienne des poutres ou des
olivages ou que ça atterrisse dans la maison ? Oui, c'est un énorme travail.
Ça veut dire que souvent, je ne pars pas d'un matériau qui a été conçu pour
l'usage que je veux en faire.
Ça veut dire qu'il y a toujours énormément d'aller-retour entre ce que je souhaite.
Par exemple, il me faudrait des poutres de telle section.
Ce que je vais trouver, du coup, il faut que je réajuste en fonction ce que
j'avais prévu qui ne va plus fonctionner.
Une fois que j'ai réajusté il faut souvent que je travaille cette matière que
je le recoupe en longueur, que je le retaille que je l'adapte quand même à notre projet.
Ouais c'est un gros travail ça pour prendre un autre exemple donc chez nous
on a en couverture, on a de la tôle avant c'était de la tôle ondulée maintenant
on appelle ça du bac acier, c'est des grandes feuilles d'acier qui sont passées
au laminoir qui sont peintes, zinguées, tout ça,
et ça a une empreinte énergétique énorme, je pense que c'est parmi les plus
grosses empreintes dans la construction d'une maison,
Chez nous, il y a peut-être le béton et après on est sur l'acier,
l'aluminium, on est sur ces matériaux-là.
Donc pour moi, c'était difficile de m'imaginer acheter ce matériau-là.
Avec le bouche à oreille, on a réussi à récupérer, je crois,
tous les bacs à cire qu'il nous fallait pour pouvoir couvrir la maison, couvrir la brioche.
Du coup, c'était des bacs à cire qui avaient été percés puisqu'ils avaient été posés et déposés.
Donc il a fallu fabriquer des petits cavaliers en zinc, les rifter,
les étancher au silicone. C'est tout un travail pour se dire,
OK, on récupère des choses, mais ces choses-là ont déjà servi.
Et il n'y a pas forcément de mode d'emploi qui nous dirait, il faut faire ci
et ça pour pouvoir les réutiliser. Ça, aujourd'hui, ça manque, ça fait défaut.
Ça voit le jour un peu grâce à des matériothèques, grâce à quelques acteurs,
mais le réemploi, on en est vraiment assez balbutiement.
À la fois dans la récupération et dans la remise en service,
la remise en état pour pouvoir l'adapter.
C'est vraiment tout un travail de haute couture et d'aller-retour,
un petit peu comme tu dis, entre ce que je trouve, ce dont j'ai besoin et d'adapter
et de remettre à niveau ces matériaux. Oui, c'est beaucoup d'aller-retour.
On sent chez toi, chez vous, à la fois de faire avec cette contrainte financière
que tu nous as évoquée au début,
mais aussi avec un souci de faire les choses qui ont le moins d'impact possible
pour faire une maison qui non seulement coûte peu cher, mais a très peu d'empreintes
et d'impact environnemental grâce à ce réemploi et à cette réutilisation.
Oui, il faut que je rebondisse pour dire que j'ai un caractère très exigeant.
Je suis de nature vraiment très exigeante et du coup les auditeurs risquent
de ne pas se retrouver dans notre expérience,
mais c'est vrai, on aurait pu se dire, allez on va essayer de reconstruire cette
brioche sans emprunter d'argent on s'est mis en plus un peu dans l'idée de le
faire avec des matériaux de réemploi pour la plupart, ou des déchets mais en plus,
Je trouve que d'habitude, on associe un peu le bâtiment de récup,
de réemploi à quelque chose qui n'est pas très confortable, peu isolé, un peu une passoire.
Et là, j'avais envie de me dire
c'est possible, on peut réemployer des matériaux, mais arriver à faire,
on peut appeler ça une maison passive ou un habitat bioclimatique,
mais quelque chose de confortable, à très faible empreinte et qui n'a rien à
envier à une construction neuve avec des matériaux neufs.
Effectivement, pour être venu vous visiter il y a quelques mois à peine,
puisque c'était ma deuxième visite à La Brioche.
La première, comme je le disais tout à l'heure, il n'y avait que le toit, c'était hors d'eau.
Mais la deuxième, c'était hors d'eau, hors d'air, effectivement.
Et à l'intérieur, c'était impressionnant que ce n'était pas chauffé,
ce n'est pas encore habité, c'est encore en travaux.
Tu nous en parleras où est-ce que tu en es aujourd'hui. Mais c'était en décembre qu'on est venus.
C'était hyper agréable. Certes, on gardait le blouson, mais juste après,
il y a les grandes baies vitrées, plein sud, avec le soleil qui tape.
On l'a dit à Briançon, le climat est parfait pour ça.
Et c'est vrai que pour avoir moi-même retapé une maison en mode bioclimatisme,
mais sans la dimension récupération, matériaux, etc.,
clairement, on sent que le niveau de confort thermique et de bien-être intérieur
sera très largement aussi bon que ce que j'avais pu faire dans une autre maison
avec des matériaux neufs et pas du réemploi.
Donc clairement, je trouve que pour l'instant, ton exigence semble être au rendez-vous.
Oui, pour l'instant, on espère que ça marchera. C'est un
quelque chose vers lequel on tend en se disant de toute façon,
on n'est même pas sûr d'avoir l'argent pour finir cette enveloppe.
Du coup, après, on n'aura pas l'argent pour se chauffer.
Donc, il faut, en gros, on se jette à corps perdu et à finances perdues dans
cette enveloppe en se disant, il faut que cette enveloppe, ça marche.
Il faut que quand on est fini ça, si on y arrive, il faut qu'on ait plus besoin
de dépenser un centime pour se chauffer derrière.
Il y a vraiment cette question-là, dès le début, qui arrive très tôt en disant,
on n'aura plus de sous, du coup.
Il ne faut pas qu'on en ait besoin pour se chauffer. Voilà, du coup,
on mise tout là-dessus et puis on verra.
OK. Alors, je ne sais pas, en termes de difficulté de questionnement ou de fierté,
de réussite et de complexité peut-être technique aussi, où est-ce que vous en
êtes ? Qu'est-ce qui se passe là ? En ce moment, du coup, je suis toujours sur
cette enveloppe, même si on en voit un peu le bout.
On n'est pas encore dans ce qu'on appelle le second œuvre, qui serait les planchers,
les cloisons, l'électricité, la plomberie.
Comme on est quand même sur une rénovation, il y avait un bâtiment existant,
on a gardé des parties, on a gardé une cave, On est adossé à des murs qui peuvent être humides.
Du coup, une fois qu'on a fait un toit, une fois qu'on a fait des murs,
donc ça c'est le cas aujourd'hui, on a un toit avec ces fameux bacaciers de récupération.
On a des murs, pour la plupart, en bottes de paille quand même.
Un peu en fibre de bois, un peu en copeaux.
On termine l'enveloppe, on a des menuiseries qui sont toutes de réemploi.
Donc ça peut être soit des baies fixes en triple vitrage, soit des ouvrants en triple vitrage.
Récupérés dans des menuiseries, lors des erreurs de cote, ou chez des particuliers,
pour des travaux qui n'ont jamais eu lieu. Ça vient un peu de partout.
Réemploi, ça ne veut pas dire qu'on va avoir toutes ces choses gratuitement,
mais en tout cas qu'on réutilise quelque chose qui n'était pas voué à finir
sur cette brioche-là, qui était vraiment prévu pour autre chose et qu'il faut à chaque fois adapter.
Là, aujourd'hui, par exemple, avant qu'on échange tous les deux,
j'étais en train de je suis sur un escalier en ce moment.
Donc, c'est l'escalier qui permet de faire la liaison entre le rez-de-jardin et l'étage.
Et là encore, à chaque fois, il y a la question qui se pose.
Est-ce que j'achète un escalier tout fait ? Est-ce que je le fais faire par
un artisan ? Est-ce que je le récupère ? Est-ce que je le fabrique moi-même
? Toujours, il y a un peu ces trois questions qui se posent.
Souvent, la piste de l'artisan est vite écartée parce que je n'ai pas les moyens
de faire appel à un artisan.
J'imagine qu'un escalier sur mesure, ça me coûterait 5 000, 7 000 euros.
La deuxième piste c'est le faire moi-même mais je me dis il faut pouvoir acheter
beaucoup de bois c'est très complexe du coup il faudrait que j'y consacre je
pense deux mois, que j'ai accès à un atelier avec des machines fixes,
ce qui n'est pas le cas non plus,
voilà et du coup j'en reviens à la troisième possibilité qui est je vais chercher
un escalier, donc là je suis allé ce week-end je me retrouve avec un escalier,
qui n'est pas complet il manque des parties il était déjà démonté,
je ne sais pas exactement,
s'il va correspondre à ce que je veux en faire Donc là encore,
c'est énormément d'aller-retour entre un peu l'idée de l'escalier qui doit tourner
à gauche, mais finalement, celui que je vais chercher ne correspond pas.
Du coup, je le remonte, je le désosse, je le modifie, je le remonte.
Et c'est beaucoup d'aller-retour jusqu'à ce que j'arrive à adapter quelque chose
qui n'était pas du tout prévu pour ça à ce que je veux en faire.
Et tu as une idée, justement, si tu avais commencé entre guillemets de zéro ou en
tout cas, si tu avais récupéré juste les morceaux de bois qui n'étaient pas
un escalier avant versus prendre cet escalier qui n'était pas adapté et qu'il
faut que tu désosses et que tu réassembles,
quel est le gain, l'intérêt en gros de partir d'un escalier qui n'était pas
adapté pour versus juste des morceaux de bois ? C'est une bonne question.
Je n'ai pas vraiment de réponse toute faite à ça.
Je ne suis jamais sûr de la bonne réponse.
Et c'est plutôt avec ce que j'ai comme élément de me dire que je n'ai pas d'atelier sous la main.
Cette brioche, on n'en a pas parlé, mais c'est aussi le choix de ne pas avoir
de grosses machines fixes, de ne pas avoir d'atelier à disposition.
Ça veut dire que je fais tout avec uniquement de l'électroportatif.
Ça veut dire une scie circulaire, une visseuse.
Il y a vraiment ça aussi qui pèse très lourd sur les choix qui vont être faits.
Et du coup, un escalier, on n'est pas sur un tabouret. Du coup.
Réaliser un escalier qu'avec de l'outil à la main, de l'électroportatif,
je pense que je me serais complexifié la vie et en tout cas,
j'y aurais consacré énormément de temps.
Et voilà, et à chaque fois, je suis un peu dans ces choix-là.
Un poêle à bois, je vais en avoir besoin d'un. C'est sûr que dans l'absolu,
j'aimerais beaucoup fabriquer un rocket stove, fabriquer mon poêle,
mais ça me prendrait énormément de temps.
Et je pense que ce serait viable s'il n'y avait pas déjà ce projet de construction
qui s'étale sur cinq ou dix années.
Je le ferais, mais là, il faut que j'arrive des fois à me dire,
stop, là, tu trouves un poêle d'occasion, tu trouves un escalier d'occasion, tu l'adaptes.
Et bon normalement, ça ira, même si ce n'est pas idéal. Ok.
Peut-être que tu pourrais opter pour fabriquer toi-même le rocket stove.
Le rocket stove, c'est un poil un peu puissant.
Mais c'est aussi un arbitrage ou une réflexion liée à la temporalité,
finalement, de trouver un poil d'occasion, un escalier à réemployer, etc.
Oui, c'est ça. C'est vraiment toute la question de ce chantier.
La question centrale, c'est la question du temps.
C'est quel temps je suis prêt à y consacrer.
Et puis, Dans l'idée aussi d'associer le temps et l'argent, c'est moi,
combien je pourrais gagner en allant travailler de mes mains en charpente ?
Et du coup, est-ce qu'il vaut mieux que j'aille travailler comme salarié un
mois pour gagner, on va dire, 1500 euros ou 2000 euros ?
Ou est-ce que ce dont j'ai besoin, là, par exemple, un escalier,
ça me prendrait plus d'un mois à fabriquer ?
Ou voilà, je suis toujours sur un peu ces calculs-là pour essayer de savoir
s'il vaut mieux que je vais gagner de l'argent pour payer quelqu'un pour le
faire ou s'il faut que je consacre ce temps-là à le fabriquer moi-même.
Et je ne sais pas si tu l'as lu, mais il y a un livre qui s'appelle Le Tour
de France des maisons écologiques.
Il me dit quelque chose, je ne sais plus si je l'ai lu ou pas,
mais ouais. C'est un petit bouc à un verre qui avait été fait par deux architectes, un anthropologue.
Donc, ils sont allés faire un petit tour de France de plusieurs façons de construire
en France, plusieurs façons d'habiter.
Donc, il y a de la bauge, de l'adobe, du tochis, du pisé. Il y a plein de façons de construire.
Et pour chaque projet, ils ont un peu trois indicateurs qui sont soit la personne
qui a construit avait un capital temps, important, soit il avait un capital,
je crois, en argent, soit il a un capital social.
Il a beaucoup de main-d'oeuvre sous la main. Des amis, etc. Oui, je m'en rappelle.
Je remets le livre et je trouve que c'est très fin parce qu'on est vraiment
je suis toujours confronté à ça, à savoir est-ce que je mets de l'argent si
je l'ai, est-ce que j'y consacre du temps ou est-ce que j'ai beaucoup d'amis
qui sont prêts à venir me donner un coup de main, et il faut toujours ajuster,
et par exemple pour les grandes baies vitrées c'était la réalisation de la dernière
fois quand on est arrivé vous veniez de faire ça,
là il y a eu besoin de main parce que concrètement c'était lourd à transporter
à mettre en place et tu as eu besoin de coups de main et je sais que tu as préparé
beaucoup ce chantier là en avance,
donc pour simplifier pour que personne se fasse mal pour sécuriser un peu le
chantier t'as mis beaucoup d'énergie seule pour préparer ça puis d'inviter du
monde pour porter parce que c'est lourd ces différentes pièces ouais là il a
fallu un gros capital social pour le coup c'est ça autant pour aller les récupérer
je crois à la frontière suisse.
Il y a plusieurs années, on était quatre. Il a fallu les transporter, les décharger.
Et à nouveau, on était cinq pour manipuler trois vitres à l'échelle d'une matinée.
Parce que là, il faut un capital social énorme pour un résultat qui est vraiment
très ponctuel dans le temps.
Et aussi, c'est l'autre chose dont j'ai pris conscience. C'est que tu m'avais
dit que ces baies vitrées, ça faisait cinq ans qu'elles attendaient leur destination,
que tu les avais trouvées, mais qu'elles attendaient d'être mises en place, d'être positionnées.
Ça faisait très longtemps que tu les avais. Oui, c'est vrai.
C'est parmi les premiers matériaux que j'ai commencé à stocker.
C'était pendant le confinement et ça fait partie des matériaux qui ont eu vraiment
un impact sur même le gabarit de la maison.
La conception même de la maison. La conception, puisqu'en fait,
ce qui est très compliqué, c'est qu'en France, on a besoin de déposer un permis
de construire pour une certaine superficie.
Et ce permis de construire, il arrête complètement les choix qui vont être faits.
Et ça, ça a été très difficile et c'est vraiment antithétique avec la question
du réemploi. Ça veut dire qu'à un moment, on doit dire qu'il y aura une fenêtre
là de telle dimension, une porte ici, un toit de tel matériau,
du bardage plutôt que de l'enduit.
Et en fait, le réemploi, ça vient complètement remettre ça en question.
Ça veut dire qu'à un moment, si j'ai besoin d'une porte de telle dimension mais
que je n'en trouve pas, comment je fais ?
C'est là que sur ce chantier, je marche toujours sur des œufs.
Ça veut dire que je reste dans le cadre légal dans la mesure où il y a eu un
permis de demander et j'essaye de m'y conforter.
Mais des fois j'avoue que je suis vraiment à la limite en me disant je vais
mettre une baie fixe plutôt qu'une porte et du coup il va bien falloir que je
puisse sortir par ailleurs,
et je suis toujours en train de faire des allers-retours entre ce fameux permis
qui est terriblement rigide et terriblement contraignant et l'évolution qui
est apportée par le réemploi et les matériaux que je trouve par les découvertes
et adaptées sans arrêt cette conception face aux contraintes liées à ce réemploi de matériaux quoi. Oui.
Musique.
On a déjà un petit peu parlé d'argent, temps, valeur de la brioche.
Ma perception, avec mes mots à moi, c'était de dire « elle ne coûte pas grand-chose
» puisque c'était une contrainte de départ, donc elle ne coûte pas grand-chose
en tant que telle, mais en termes de temps,
de compétences, de connaissances, de soins, d'attention, ça se sent dans tes
mots, elle n'a pas de prix au sens qu'elle vaut bien plus que n'importe quel
argent, juste ne serait-ce que par le soin et l'attention.
Et en même temps, sur le marché de l'immobilier, Briançon étant là où il est,
dans une vallée, l'espace est rare et contraint.
Et donc, les valeurs immobilières grimpent très vite. Et en fait,
elle aurait un prix inabordable, en tout cas, une revente, par exemple,
elle aurait un prix inabordable pour beaucoup de personnes.
C'est même indécent, mais c'est la réalité d'un certain fonctionnement du marché immobilier.
Et je sais que ça posait beaucoup de questionnements. Et tu en es où aujourd'hui
? Et ça m'en pose toujours.
Et ça t'en pose toujours, OK. Je sais que c'est une question qui tient à cœur,
mais qui est très complexe pour moi.
Du coup, tu vois, j'ai été obligé d'écrire un peu pour essayer de savoir vraiment
où j'en étais de ces questions-là.
Et encore aujourd'hui, je trouve que je n'ai pas de réponse vis-à-vis de cette valeur de la brioche.
Je trouve que déjà, comme tu dis, c'est une chance ou en tout cas,
le fait est que je n'ai pas fait ce projet en Auvergne.
Ou si je devais revendre cette maison, demain, peut-être que je ne rentrerais
même pas dans mes frais, même si aujourd'hui, l'apport n'est pas très élevé.
Je le fais à Serre-Chevalier-Vallée où aujourd'hui je pense qu'au mètre carré
on est entre 3 et 4 000 euros du mètre carré pour une maison,
pour une construction neuve tout est biaisé, j'ai l'impression que tout ce que
je fais presque, je peux m'amuser j'ai l'impression de jouer un peu au Monopoly,
je peux le faire avec légèreté construire cette maison puisque de toute façon si
je dois la revendre un jour, je la vendrai bien,
Et ça, ça me met très mal à l'aise. Aujourd'hui, je n'arrive pas à être bien avec ça.
Et puis, ça a biaisé beaucoup de choses, je trouve, aussi dans cette construction.
Par exemple, quand je me suis rendu compte que je devrais acheter ce terrain,
acheter ce terrain à mes parents et que j'en hériterais pas,
je me suis dit, c'est bon, c'est mort, on est à Cerchevalier,
je ne pourrai jamais m'offrir ce terrain.
Et paradoxalement, donc, les agences immobilières qui se sont passées ont eu
le même son de cloche, à savoir, on est dans un endroit où ça n'intéresse personne
d'acheter un terrain de 150 m² parce qu'on ne peut pas mettre une maison de
300 mètres carrés sur un terrain de 150 mètres carrés.
Donc, je me suis retrouvé avec un terrain qui ne valait pas grand-chose parce
que ça n'intéressait pas les gens qui potentiellement voudraient construire une maison.
Et ça, ça m'a... J'avais plus de mots. Quand on m'a répondu ça,
je ne m'y attendais tellement pas.
Ah, ok. Donc, ça a pu biaiser des choses comme ça. Et il y a aussi,
je trouve, tout se réemploi dans cette maison.
Le fait de récupérer la plupart des matériaux, c'est possible que parce qu'on
est dans une région riche et qu'il y a beaucoup de gâchis.
Qu'il y a beaucoup de tensions immobilières, que les gens vont acheter des biens,
des appartements, des maisons, tout casser, tout jeter, tout emmener en déchetterie, reconstruire.
Du coup, voilà, on est toujours dans quelle valeur ça a, j'en sais rien, c'est complexe.
Lui-là, un peu à dire cocorico, j'arrive à trouver des matériaux de réemploi,
mais ça marche aussi parce que ces matériaux sont jetés et ils sont jetés parce
que la vallée, parce que les sports d'hiver, parce que le tourisme. Voilà.
Encore une bonne raison d'être mal à l'aise vis-à-vis de cette question de la valeur.
En fait, moi, ce que j'ai envie de te répondre par rapport à ça,
c'est un peu le côté pas quantifiable de ce que je fais et qui sort un peu de
cette question marchande.
Pour faire une analogie, moi, j'adore bidouiller des vélos. Depuis 10 ou 15
ans, je ne sais plus, je ne me suis jamais formé à ça, mais j'adore bricoler des vélos.
Et je trouve ça très sain de savoir désosser, remonter un vélo,
tout bricoler, tout entretenir soi-même.
Et j'ai toujours été au clair avec ça que l'argent que je pouvais consacrer
à ça, ce n'était pas grave, ce n'est pas de l'argent que je devais prendre en compte.
Parce que je trouve ça sain de savoir le faire, que c'est du bon sens et que ça m'épanouit.
Et je trouve que la maison aujourd'hui, telle que je la fais,
parce que c'est de la reconstruction, parce qu'il y a du réemploi,
parce qu'il y a des exigences très fortes sur le plan énergétique.
Je m'autorise à me dire que ça n'a pas de valeur. Je le fais.
Et cette question de la valeur ne m'intéresse pas parce qu'au final,
ce n'est pas pour ça que je le fais.
Ou en tout cas, ce que je trouve très intéressant dans ta réponse,
parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, malheureusement, cette question de la valeur,
elle est très vite accolée à la marchandise, à l'économique et à sa quantification en euros.
Je trouve que c'est une très pauvre façon de voir la valeur,
parce que la valeur, c'est qu'est-ce qui est important pour toi,
c'est ce à quoi tu tiens, c'est qu'est-ce qui t'épanouit aussi.
C'est ça qui a de la valeur et la valeur, elle n'est pas nécessairement financière
et économique derrière.
Elle peut l'être, mais pas que, en tout cas. Et là, dans ce que tu nous dis,
c'est ça que j'ai envie de retenir de ce que tu viens de nous dire là,
c'est que la valeur de la brioche, c'est ce nid, c'est ce hors d'eau,
hors d'air, cet abri chaud qui vous accueillera.
C'est ce que ça crée en toi, ce que ça crée pour toi dans l'épanouissement que
tu y trouves, dans le travail, dans l'énergie, dans la réflexion que tu y mets.
La question de la valeur économique, finalement, c'est trop tôt.
Ce n'est pas une question qui est pertinente aujourd'hui, puisque pour l'instant,
cette brioche n'est pas sur le marché.
Elle n'est pas à vendre, elle n'est pas à quoi que ce soit. elle est en construction,
elle est pour vous, elle est pour vous abriter
peut-être qu'un jour elle viendra sur le marché peut-être pas,
peut-être qu'elle ne sera jamais sur le marché et finalement cette question
du transfert de valeur entre la valeur affective ou la valeur de soins ou la
valeur d'abri qu'elle a aujourd'hui ou d'épanouissement qu'elle a aujourd'hui,
est-ce que ça se transférera un jour ou pas en valeur marché ça se posera que
quand potentiellement vous n'y habiterez plus mais pour l'instant c'est une
question que c'est trop tôt et du coup ça me paraît assez sain que tu sois mal
à l'aise par rapport à ça puisque c'est pas le bon moment de te poser cette
question là en fait Oui, je pense.
Et puis que c'est vraiment un projet d'habitat. On n'est pas sur un projet de
revente ou de... Oui, c'est ça.
Et aussi, je pense que ce qui joue beaucoup sur ces questions-là,
c'est mon envie que ces années de vie soient des belles années.
Ça veut dire que je ne construis pas en me disant « Allez, j'y consacre deux
ans de ma vie à corps perdu, je n'ai pas de vie, je ne vois pas les amis.
» Et du coup, ce n'est pas quelque chose que je vis mal en me disant « Il faudra
que je me dédommage un peu de ces années perdues.
» Et du coup, je pense que d'être attentif à garder du temps pour ma compagne, pour ma fille, pour moi ?
Pour faire autre chose, et du coup, bien vivre ce chantier, c'est important
pour derrière ne pas être en situation de dole, d'avoir été volé des belles
années, et de vouloir forcément récupérer en valeur ce que j'ai perdu.
Et de vouloir rentabiliser quoi que ce soit, en fait, non, là,
tu le vis comme étant un chemin, et t'arrives à trouver cet équilibre-là,
plutôt que d'y aller trop vite, en fait, et donc, il y a bien cette question
de temps qui revient encore,
et ça te permet, finalement, de te détacher de cette question de la valeur marchande,
et de ne pas être confortable avec ma question, un peu frontale peut-être,
et en fait, tout simplement trop tôt.
Moi, c'est ça que je retiens là. Ce n'est pas le sujet aujourd'hui,
et donc c'est normal que tu me dises « Tu m'emmerdes, Alexis, avec cette question.
» Donc, merci. Oui, mais c'est intéressant. C'est intéressant que tu puisses
me la poser au fur et à mesure.
Tu avais été approché aussi par des personnes pour participer à un manuel d'architecture
frugale en racontant cette histoire de construction de réemploi que tu viens
de nous raconter au podcast.
Et puis, à cette époque-là, cette invitation-là, tu avais refusé.
Tu peux nous dire pourquoi ? Oui.
Alors, je pense que tu fais un peu l'amalgame entre deux choses.
C'est que je me posais la question d'écrire autour de ce que je faisais, autour de ce projet.
Et parallèlement, il y a un réseau d'architecture frugale dans le Briançonnet
qui m'a proposé de venir échanger et porter le message de la sobriété avec eux.
Voilà. Du coup, il y avait un peu ça en suspens.
Et j'avoue que c'est aussi ça qui m'intéresse dans le podcast que tu fais.
C'est que moi, presque, la sobriété, c'est quelque chose qui peut m'irriter.
C'est un mot qui est pour moi très lié à...
La religion, je pense que c'est un mot qui est apparu un peu dans ce contexte-là.
Et puis, qui traite un peu avec la conscience, qui peut un peu culpabiliser.
C'est un peu, voilà, soit on est sobre, soit on est en état d'ébriété.
On est dans le bien ou on est dans le mal. Si vous vivez dans l'excès, vous irez en enfer.
Et je trouve que c'est un mot, la sobriété, qui traite avec la conscience,
qui incite à se comparer à son voisin.
Est-ce que je suis plus sobre que lui sans qu'il y ait véritablement d'indicateurs,
c'est pas quantifier tout ça est-ce qu'on est sobre, est-ce qu'on l'est pas
c'est vraiment à sa propre interprétation,
et je trouve qu'il faudrait un cahier des charges de la sobriété pour que j'apprécie
mieux ce mot, par exemple il y a un cahier des charges pour le bio,
il y a un cahier des charges dans un manifeste néga-watt qui va nous dire il
faudrait aller vers ça et puis.
Viser ça et ça mais là je trouve que la sobriété c'est vraiment ça fait partie
des mots valises comme l'écologie, comme l'éco-construction.
L'éco-construction, c'est génial.
C'est à la fois se dire, on peut construire, mais tout en étant écolo,
je trouve que c'est des mots qu'il faudrait pouvoir quantifier.
Ou peut-être déconstruire. En tout cas, merci beaucoup, parce que c'est vrai
que je trouve qu'un des gros défauts de ce terme sobriété, et comment il en
paraît parfois dans le débat public et ailleurs, c'est ce côté moralisateur,
culpabilisateur, que je trouve délétère, même catastrophique.
Je pense même qu'une partie de la situation politique actuelle française de
ce qu'on peut parfois appeler un backlash ou un retour de bâton écologique tient
à trop de positionnements ou de façon de s'emparer de sujets comme la sobriété
comme l'écologie, de façon d'un point de vue un peu trop,
moralisateur et qui donne ce qui se passe aujourd'hui, à mon avis,
en tout cas ça en fait partie, c'est peut-être pas la seule chose, mais ça en fait partie.
Moi j'adore parce que j'ai lancé ce podcast en cas de sobriété et finalement
à chaque épisode on le critique ou on ne l'utilise pas, donc c'est très intéressant
et finalement quand on creuse il est vraiment très difficile à cerner et soit
très vide, soit beaucoup trop plein de beaucoup trop de choses.
Mais si je reviens sur cette question des indicateurs, j'ai découvert il n'y a pas très longtemps.
Et merci Camille, j'ai découvert il n'y a pas très longtemps un indicateur qui
s'appelle intensité d'usage, et je trouvais ça assez passionnant,
en tout cas c'était sur l'aspect foncier, enfin l'habitat,
donc plutôt que de parler en mètre carré par personne, de réfléchir en temps
passé par personne, par mètre carré.
Donc ça veut dire, typiquement, nous dans les petites maisons dans lesquelles
on habite, on est deux, on y dort, on y mange, j'y travaille,
Donc, on y passe beaucoup de temps là-dedans, dans une petite surface à deux personnes.
Et donc, on a une intensité d'usage assez importante et assez élevée.
Contrairement à une maison secondaire, par exemple, où tu y passes très peu
de temps. Tu vas deux fois, même à 10, mais tu ne vas que deux fois par an ou des choses comme ça.
Et je trouve que cette intensité d'usage, elle est assez intéressante à transposer
par rapport à la sobriété.
Oui, ça mettra un peu des repères et ce fameux cahier des charges sur est-ce
qu'on l'est vraiment ou est-ce qu'on le fantasme.
Et en même temps, des fois, quelque chose a de la valeur, tu vois,
par exemple, on peut avoir un instrument de musique. Par exemple,
moi, je fais du djembé et finalement, je l'utilise peu.
Et donc, je me dis qu'un indicateur, ce n'est pas non plus l'alpha et l'oméga non plus.
Tu vois, ce n'est pas le bien et le mal. Et ce n'est pas parce qu'il y a une
bonne intensité d'usage que
c'est bien de l'avoir ou et inversement qu'il ne faut pas s'en séparer.
Voilà, mon djembé, je ne m'en sers pas trop, mais en même temps,
je ne peux pas m'en séparer. C'est assez rigolo, quoi. Bon, c'est paradoxal,
mais ça me prend de la place de l'espace.
Mais je ne peux pas m'en séparer, ce n'est pas possible. J'entends.
Et je pense que ce qui me gêne aussi dans ce terme, si on raccroche ça au bâtiment.
Il y a beaucoup de mots comme ça qui sont utilisés et qui permettent de se donner bonne conscience.
Éco-construction en fait partie, rénovation thermique, des logements,
il y a plein de choses, il y a toute une dynamique qui est un peu là pour dire,
continue à construire comme si de rien n'était, mais sous couvert des bons mots.
Et je trouve que la sobriété, c'est un peu un fantasme. Ça serait un peu le
côté sexy de la pauvreté pour les riches, des fois.
Parce que je pense que les pauvres n'emploient pas le terme de sobriété.
Pour moi, c'est les riches qui l'emploient.
Et ça me faisait penser à Naomi Klein, dans son bouquin, qui disait que le but
de la mode, c'est de vendre des fringues de jeunes du ghetto à des jeunes riches,
et puis de vendre des fringues de jeunes riches aux jeunes du ghetto.
Et si on fait ça, on a réussi le tour de force. Et je trouve que la sobriété, on y est dedans.
On est dans le bâtiment sobre, dans les architectes qui mettent cette sobriété partout.
Dans le bâtiment, en tout cas, elle est très, très, très présente. Voilà.
Et du coup, c'est quelque chose qui me gêne un peu et ça me fait plaisir d'en parler avec toi.
Parce que je ne voudrais pas que mon projet et que cette brioche soient assimilées
à quelque chose de trop vertueux, de trop pas la mode, parce que je pense aussi
qu'il y a des très mauvais côtés, que ça reste une maison individuelle et qu'en soi,
extérieurement, je la trouve assez sexy, cette maison.
Et du coup, je pense qu'elle fait une énorme pub pour le petit chalet,
la maison individuelle.
Du coup, je suis assez critique de ce genre de termes qui peuvent faire passer
quelque chose qui n'est pas forcément vertueux pour quelque chose qu'il est extrêmement.
Voilà. Et puis de commencer à se mentir à soi-même et de commencer à raconter
des histoires plus belles qu'elles ne sont.
Et alors que finalement, dans l'histoire que tu nous partages,
il y a tes exigences dont tu nous as parlé au démarrage, où tu souhaites bien faire les choses.
C'est réfléchi, c'est poussé, mais il y a aussi les contraintes qui étaient
l'argent et que tu fais avec ce qui est disponible.
Et ce serait facile de draper ça sous « Ah, j'ai fait une belle construction sobre et de réemploi ».
Alors qu'en fait, tout à fait avec ce qui était là, ce qui s'est présenté là aussi.
On arrive doucement à la fin de notre échange. Est-ce qu'il y a un thème ou
une question que je ne t'ai pas posée et que tu aurais aimé que je te pose ?
C'est la question de Joker. Pas tant que ça. Je trouve que tu as bien fait le tour.
Il y a peut-être juste quelque chose qui m'interpelle souvent,
je trouve, parce que ça fait maintenant six ans que je suis sur ce projet-là.
Et je me pose souvent la question, pourquoi je suis le seul à faire ça ?
Alors attention, ce n'est pas tant d'un point de vue prétentieux,
c'est plutôt au contraire. Je ne suis que David Cuchet, j'ai que 4 ans de bagage
dans le bâtiment, j'ai peu travaillé avec ça.
Autour de moi, il y a beaucoup d'entreprises, il y a beaucoup de gens très compétents.
Le bagage technique, on l'a, il y a du retour sur tout ce que je fais,
ça existe déjà, je ne crée rien.
Et malgré ça, pourquoi je suis seul à faire ça ? Donc je pense que ce contraste,
il est très très fort à Cerchevalier, à Briançon, là où je suis.
Ce qui fait que ça ressort beaucoup.
Mais voilà, je n'ai pas de réponse, mais c'est quelque chose que je vis souvent
très mal et dans lequel je me sens très seul.
Oui, très seul. Et du coup, manque d'échange ou de pouvoir partager, etc.
Oui, du coup, c'est d'autant plus un plaisir pour moi de venir échanger avec toi à ce micro.
Parce qu'en tout cas, à Briançon, ce n'est pas des choses qui sont transposées. OK.
Que ce soit par d'autres personnes ou des entreprises. Et pourtant,
je trouve que j'ai les yeux qui traînent. Je regarde beaucoup ce qui se fait.
Alors, il y a quelques exemples similaires. Je ne dis pas que je suis le seul
à faire ça, mais je me dis, mais c'est possible, ça marche.
Alors pourquoi on ne le fait pas ? Et j'ai pas de réponse.
Chers auditeurs, auditrices, si jamais ça vous a donné envie de vous lancer,
soit si vous le faites déjà, soit si vous connaissez quelqu'un qui le fait déjà,
n'hésitez pas à me contacter, à nous contacter.
Peut-être David sera ravi d'échanger avec vous,
en tout cas si vous avez envie d'échanger ça permettra de tisser des liens de
partager des connaissances et d'alimenter un petit peu la flamme aussi puisque
c'est vrai que c'est hyper agréable d'échanger, de se poser des questions de
revisiter aussi ses propres explications,
les histoires qu'on peut se raconter aussi, c'est intéressant de les mettre
en conversation et de les revisiter autrement moi je sais que sur les petites
maisons qu'on a fait construire et qu'on installe c'était passionnant aussi
d'échanger avec toi et d'avoir ton regard et ton point de vue et de se rendre
compte, ah bah là, on a fait des conneries, ah bah là, c'était un peu con,
ah bah là, c'était un peu exagéré, ah bah là, c'est super, et de prendre ce temps-là.
Oui. Donc, un grand merci à toi, David, pour cet échange, un nouvel échange encore passionnant.
À la prochaine, du coup, pour la pendaison crémaillère de la brioche.
Avec plaisir, et merci pour ta curiosité.
Salut. À bientôt, Alexis.
Musique.
J'espère que cet épisode vous a plu. Grâce à ces partages d'écoute et de réflexion,
de discussions authentiques, de doutes, de contradictions et de joie simple du quotidien,
j'espère vous donner envie de mener votre propre enquête pour construire collectivement
une alternative aux exploitations en tout genre.
Musique.
Je remercie Emeric Priolon et notre amitié de plus de 40 ans, qui réalise l'habillage et le montage sonore
de ce podcast, Ingrid de Saint-Aubin pour son aide sur l'habillage visuel,
Barbara Nicoloso, directrice de Virage Énergie pour sa commande sur la sobriété
qui m'a mis le pied à l'étrier,
Alexandre Monnin et toute la communauté de la redirection écologique pour leur.
Musique.
Soutien et leur enthousiasme.
Et bien sûr, mes invités sont qui ces épisodes n'existeraient pas.