Music Musique
Speaker1 Bonjour, je suis Alexis Nicolas. Dans ce podcast, je vous propose de partir avec moi en quête de sobriété. Pour en finir avec la démesure de notre époque et pour vivre dès maintenant, dans le futur. Mais en tant qu'ingénieur, salarié, homme, blanc, cis, hétéro, la sobriété, ben c'est pas gagné. Et oui, l'attrait pour la démesure affecte avant tout les personnes privilégiées. Épisode après épisode, théorique ou pratique, je mène l'enquête avec mes invités. Bonne écoute !
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Speaker0 ...
Speaker1 Salut Richard !
Speaker0 Salut !
Speaker1 Ravi de prendre ce moment d'échange avec toi. On a eu l'occasion de se croiser à différentes occasions. Et avant de te rencontrer, j'écoutais déjà ton podcast Techologie. Peux-tu te présenter ainsi que ton podcast ?
Speaker0 Alors, qui suis-je ? Beaucoup de choses à dire, mais j'aime bien aussi présenter le fait que je suis issu de plusieurs cultures. Je suis syrien de par mes parents, en fait, d'origine syrienne. Je suis guadeloupéen, caribéen. C'est le lieu de ma naissance, de ma vie jusqu'à mes 20 ans. Et j'ai débarqué à Paris pour les études, un certain, 11 septembre 2001.
Speaker1 Ah oui ?
Speaker0 Les tours à New York, ils tombaient le matin, et moi je prenais l'avion l'après-midi pour changer de vie. Quitté le domicile familial et m'installer pour les études. Puis plus tard pour le travail en région parisienne et donc ouais c'était un peu spécial et donc aujourd'hui je suis ingénieur informatique développeur, podcaster mais aussi militant dans différentes associations depuis quelques années notamment dans le numérique, aussi dans le vélo ça m'est un peu tombé dessus militant vélo et puis je suis heureux papa de deux enfants, je vis en région parisienne, entre ville et nature, un peu ouvert, c'est une vie de banlieue parisienne quoi.
Speaker1 Ça doit être particulier quand même de prendre l'avion un 11 septembre 2001, ouais ça doit marquer.
Speaker0 Ouais, bah je me rappelle, j'étais jeune, 20 ans, J'étais un peu sidéré le matin en voyant les images et par rapport à mes parents qui étaient là, je pense qu'ils étaient anxieux. Et je me rappelle avoir fait des blagues un peu douteuses sur le fait que, ne vous inquiétez pas, l'avion ne va pas s'écraser ou quoi que ce soit. Mais c'était un peu particulier.
Speaker1 Pour conjurer un peu le stress. Ok, peut-être que les gens et les auditeurs-auditrices te connaissent via aussi ton podcast Techologie. Est-ce que tu peux nous le présenter ?
Speaker0 Le podcast Techologie que j'ai créé fin 2018, à l'époque j'étais dans une coopérative qui s'appelle Fairness, on avait déjà un podcast qu'on animait avec mes collègues et on a exploré un peu différents sujets liés à la tech, c'était parfois des sujets techniques, parfois des sujets un peu plus politiques, notamment je me rappelle d'un épisode sur Parcoursup, Lorsque le code de Parcoursup a été publié, on est allé voir un étudiant qui a fait l'étude du code et on questionnait déjà le rôle des technologies. Et avec Techologie, j'ai voulu aller un peu plus sur le terrain, on va dire, des conséquences environnementales du numérique. Là, j'ai commencé un peu à me poser beaucoup de questions, à découvrir les théories effondristes. Et notamment, c'est aussi lié à une rencontre, des lectures, mais aussi des rencontres. Celle avec Marie-Cécile Paccard en fait c'est l'invitée du premier épisode, je crois qu'au départ on devait enregistrer pour le podcast qui s'appelait Eco, et du coup j'ai voulu en faire un autre podcast qui traite vraiment des sujets environnementaux au départ puisque ça a beaucoup changé, on va en parler, et dans ce premier épisode on a parlé notamment de l'effondrement de la société industrielle le rôle des designers et des développeurs et voilà je voulais et vraiment explorer le côté des impacts environnementaux et surtout nous en tant que développeurs, designers, qu'est-ce qu'on pouvait y faire en fait ? Et les épisodes se sont enchaînés assez rapidement par la suite, avec des sujets vraiment tout de suite assez politiques et très passionnants, même si c'était beaucoup lié à l'éco-conception, l'impact du numérique. Mais on a tout de suite exploré, je crois que c'était le deuxième ou troisième épisode, comment appliquer les principes de la permaculture au développement logiciel, par exemple. Donc là, je ne sais plus combien on a d'épisodes, 96 épisodes en 6 ans. Je tiens à dire aussi c'est pas un podcast qu'individuel parce que j'ai eu aussi des contributions j'ai pas mal de gens qui m'ont aidé parce que voilà ça reste du commun, des gens qui m'ont aidé pour la transcription, des gens qui m'ont aidé pour carrément des interviews il y a eu d'autres interviewers sur le podcast. Ensuite j'ai beaucoup comme je le disais exploré des initiatives au niveau logiciel mais aussi matériel beaucoup de sujets liés à l'éco-conception mais très très vite, c'est aussi des sujets liés à la critique du numérique, à la critique de l'éco-conception même. Et plus j'avançais, plus j'élargissais les sujets, bien sûr sur les impacts des technologies, sur la question environnementale, mais aussi les impacts des technologies sur la société. Jusqu'à par exemple explorer les conséquences des techniques dans l'agriculture, plus précisément sur les inégalités de genre, les conséquences sur les agricultrices donc, sur les néo-paysannes les questions d'ordre décolonial je pense notamment à l'épisode vraiment qui m'a marqué avec David Maenda Kithoko, qui vient de République démocratique du Congo et qui agit à la fois en France, en Europe et aussi sur place et puis je me suis de plus en plus détaché du seul sujet environnemental on va dire, pour vraiment explorer d'autres sujets de société, parler des luttes qui me tiennent à cœur. Il y a eu le sujet sur le vélo, mais bon, la technologie, les techniques, n'étaient pas forcément très loin, puisqu'avec Marc, qui parle de son voyage en Europe avec sa famille, on a parlé de quelles sont les applications qu'il utilise, comment se guider, comment s'en détacher aussi, comment utiliser aussi de l'intuition, en fait, ou des pouvoirs magiques, d'ailleurs. Je vous invite à écouter l'épisode pour en savoir plus.
Speaker1 Alors attends, c'est un récent encore, un, partir en famille à vélo.
Speaker0 C'est en janvier et d'ailleurs la famille Loyat est toujours en voyage en Europe. Je crois qu'ils sont en Turquie en ce moment. Ils sont toujours pas rentrés. Ça fait un an et demi et c'est cool, c'est trop cool. Donc j'essaie de parler vraiment de plus en plus de sujets différents, notamment aussi des sujets aussi de personnes qui choisissent de déserter le numérique. Voilà. Pourquoi ? Comment ? Et puis, je peux peut-être parler des invités, en fait, parce que sans eux, il n'y a pas de podcast. Vraiment, j'ai rencontré des gens qui sont vraiment passionnés, passionnants. C'est des gens que je rencontre parfois en conférence, des gens que je croise à des événements. Ça peut être des gens que je rencontre en ligne. Je vois qu'ils ont fait une vidéo, ils ont fait un article de blog, donc j'ai trop envie de discuter avec eux. Donc, j'essaie de les inviter. Et parfois, c'est aussi des amis proches. Vous verrez. En fait, il y a plusieurs épisodes. En fait, c'est des gens vraiment hyper local. C'est des gens de ma commune, de ma ville. Je pense notamment à Marion, coucou Marion, du tiers lieu Les Ciboulettes. Christophe, c'est un informaticien mais apiculteur d'abord. Et surtout militant écolo dans le sens, vraiment, il s'est battu pour des sujets vraiment au niveau local. Je pense aussi à Hanan, qui est maraîchère bio, vraiment à 500 mètres de chez moi. Et avec qui je parlais justement des inégalités de genre dans l'agriculture. Donc c'est un épisode à découvrir avec notamment des personnes de l'Atelier Paysan.
Speaker1 Pour préparer cet épisode, j'ai regardé un peu les thèmes, les invités, justement, parmi tes 96 épisodes. Alors, tu dis que c'est une aventure collective. Tu es quand même l'animateur principal qui a le plus tenu de micro et d'animé d'épisodes, non ?
Speaker0 Oui, ça doit être 90 sur les 96, quelque chose comme ça. OK.
Speaker1 Et donc, j'ai regardé un petit peu les thèmes, les invités. J'entends que tu nous dis que tu as élargi au fur et à mesure. Alors, peut-être que de toute façon, le numérique est en partout, dans toutes les sphères, comme tu le disais tout à l'heure sur le vélo. En fait, au final, quel que soit le sujet qu'on prend, j'ai l'impression que la technologie et l'écologie sont présents, finalement, quel que soit ton invité, au final. C'est presque ça ?
Speaker0 Oui, oui, complètement. Dans chacun des épisodes, on a forcément parlé, peut-être moins avec Christophe, l'apiculteur. Mais sinon, le reste, comme je disais, avec des agricultrices, c'était vraiment sur le rôle des techniques dans leur travail. Les technologies, les techniques au sens large c'était jamais loin.
Speaker1 Et ton cheminement éditorial, tu viens de nous l'expliquer un petit peu mais donc ton hypothèse au départ c'était cette question un petit peu effondriste, en tout cas j'ai l'impression que t'es rentré un peu par ça et sur le côté les designers et le numérique qu'est-ce qu'on peut faire là-dedans, quelle est notre place dans tout ça et si je t'ai invité c'est pour qu'on aborde aussi cette question de la sobriété numérique et donc la place des technologies dans tout ça mais donc ton cheminement éditorial les questions, les invités c'était vraiment plus sur des rencontres, les voisins des personnes ou tu as une vigilance spécifique à toujours parler de technologie et que ce soit au centre ou finalement tu t'en éloignes de plus en plus comment tu gères ça ?
Speaker0 C'est assez mouvant mais non non ça reste quand même t'écologie le rôle des technologies face aux enjeux, écologiques globalement mais aussi aux enjeux de société aux enjeux sociaux voilà non après ça part d'une envie en fait d'échanger avec quelqu'un ou ça peut être plusieurs personnes d'ailleurs dans certains épisodes c'est plusieurs personnes. Donc, ça part de là, en fait. Donc, je ne me mets pas de limites, sauf si vraiment, c'est vraiment très, trop hors sujet. D'ailleurs, on peut en parler à la fin. J'ai un autre podcast qui va sortir. Peut-être au moment où vous les écoutez, c'est déjà sorti, d'ailleurs. Après, je m'étais engagé aussi avec Fairness, avec ma coopérative de l'époque, sur le sujet numérique responsable. Voilà, j'ai passé trois ans à la Dinum. Aussi, d'ailleurs, le podcast m'a un peu, peut-être, aidé à rejoindre le Haut Sommet Numérique de l'État, donc la Direction Interministérielle du Numérique, pour travailler sur les questions environnementales et numériques. C'est une mission numérique et co-responsable, ça existe toujours. Mais effectivement, tous ces sujets, ces termes, ça ne me parle plus beaucoup. Même l'éco-conception numérique, ça me sort un peu par les yeux. J'ai un peu de mal à assumer tous ces termes-là, même si ça permet peut-être de faire comprendre certaines choses avec ces mots-là. Mais tout ça, ça reste assez tiède par rapport aux enjeux colossaux qui nous attendent, en fait. Le côté Green IT, co-conception, optimisation, ça ne me parle plus beaucoup, en fait. Surtout, depuis quelques années, on essaie de se battre avec ce côté un peu responsable, responsabilité. Et la grande majorité dans le numérique est lancée dans une fusée à toute vitesse. Notamment grâce à cause des évolutions notamment liées à l'IA aux intelligences artificielles et c'est vrai que dans ce contexte c'est difficile d'évoquer une certaine désescalade des croissances, des co-conceptions du numérique, sachant que la vraie solution c'est vraiment qu'on enlève du numérique pas seulement parce qu'il y a des contraintes physiques d'accès aux ressources et d'impact du changement climatique mais aussi parce que c'est un devoir moral, notre numérique d'habitants de pays riches Nos sociétés hyper technologiques sont basées sur des logiques coloniales et c'est un sujet que j'ai exploré aussi dans le podcast mais que j'ai exploré aussi à travers des lectures. Notamment de Malcolm Ferdinand, pour une écologie décoloniale. Nos technologies et notre numérique, nos IA, c'est basé sur des logiques coloniales. C'est des accaparements des ressources et un asservissement des peuples. Et ça, tous ceux qui sont à mettre de l'IA partout, à dire « on a du retard en France sur l'IA, il faut avancer, il faut accélérer ». Tout ça, on n'en parle pas, quoi. Sans compter la destruction du climat et du vivant, quoi.
Speaker1 Moi, j'ai l'impression, en tout cas pour d'autres études et pas du tout dans le numérique, qu'il va falloir associer et une efficacité parfaite au top et une sobriété parfaite au top pour réussir à relever les challenges qui nous attendent. Et que finalement, j'aurais presque pas envie de mettre, même si je me reconnais dans ce que tu dis, mais j'aurais presque pas envie de le mettre de côté, l'éco-conception. Mais je sais que moi, mon focus, il va sur la sobriété parce que c'est un mot, un concept qui est à la fois soit dévoyé, soit mis de côté, soit pas discuté. Alors que je pense qu'il va falloir les deux. Et donc, l'idée, moi, de la sobriété, ce n'est pas nécessairement pour dire l'efficacité, c'est nul ou l'éco-conception, c'est nul, mais qu'il faut faire de l'efficacité et de l'éco-conception et il faudra aussi faire de la sobriété et les articuler ensemble. Mais je ne sais pas si tu partages mon avis ou si tu n'es pas d'accord avec ça.
Speaker0 Si, si, complètement, mais c'est juste qu'aujourd'hui, en fait, c'est Gauthier Roussilhe qui l'a dit en premier, donc designer-chercheur qui a parlé de l'enfumage de l'éco-conception, en fait. C'est qu'aujourd'hui, l'éco-conception, le numérique responsable, on a l'impression que ça a été largement récupéré par l'industrie. Et mal fait, on va dire. Quoi qu'il en soit, oui, je suis d'accord. Si on veut garder quand même des usages essentiels, quoi qu'il arrive, il faut le faire de façon sobre, efficace. Et quoi qu'il arrive, enlever du numérique là où c'est possible. Parce que, comme je disais, on ne peut pas continuer comme ça. Il y a des véritables challenges à le faire et ça on pourra en parler parce qu'on a... Ouais.
Speaker1 On va y revenir
Speaker0 Il y a toujours des travaux sur des propositions sur des choses mais c'est vrai que ça demande quasiment une révolution en quelque sorte un changement de paradigme à tous les étages quoi.
Speaker1 Tu nous as quand même pas mal raconté d'où tu es parti, sur quoi tu as changé d'avis et où est-ce que tu en es aujourd'hui. J'ai l'impression que tu nous l'as assez bien décrit, mais peut-être que ça m'intéresse de savoir où est-ce que tu en es aujourd'hui justement dans cette enquête, sur quoi tu as envie d'enquêter. Et j'imagine que si tu lances une nouvelle enquête sous forme de podcast, c'est pour aller enquêter sur quoi, dans quelle direction. Est-ce que tu as envie de nous le partager là maintenant ?
Speaker0 En fait, j'avais une très grosse envie, ce n'est pas du tout lié au numérique, donc on fait un petit aparté. En fait, suite à mon expérience à la DINUM, donc là aujourd'hui, je suis salarié entrepreneur d'une coopérative, il s'appelle Coopaname, je fais de la publicité et je n'ai aucune action, mais bientôt peut-être, parce qu'en fait. Au bout de deux, trois ans, on peut être associé dans une coopérative. Et du coup, je me suis inscrit auprès de Coopaname et j'avais une très grosse envie, j'avais plusieurs envies. D'ailleurs on pourra en reparler, mais notamment d'aller voir des tiers lieux un peu partout en France qui travaillent sur la transformation écologique parce que la question des tiers lieux ça m'intéressait beaucoup déjà parce que je parlais de Marion qui a fondé un tiers lieu qui s'appelait Ciboulette, je côtoie toujours beaucoup ce lieu et ces personnes qui essaient d'avancer sur des sujets liés à l'alimentation notamment et la sensibilisation. Avec Hanan qui est maraîchère et qui a toujours ce projet de tiers-lieu nourricier en fait d'ouvrir un peu plus la ferme pour créer une zone d'activité. Donc c'est toujours en cours et je suis allé voir un peu partout, voilà, par opportunité, quand je me déplaçais un peu partout en France, d'aller visiter des tiers-lieu, notamment des tiers-lieu nourricier avec de l'agriculture, de l'alimentation. Donc vraiment éloigné du numérique, même si je voyais que souvent il y avait du FabLab, des choses comme ça. Mais ce n'était pas le but premier, ça ne m'intéressait pas vraiment le côté numérique en réalité, mais vraiment les sujets de transition écologique, ça peut être de mobilité, vraiment d'alimentation.
Speaker1 Et si j'entends tiers lieu, c'est parce que ça t'intéresse particulièrement aussi ce côté collectif et organisation collective autour d'un lieu pour partager, que ce soit de l'aide, de l'accompagnement sur les mobilités, sur l'alimentation et sur d'autres sujets. C'était vraiment cette dimension collective qui t'intéresse ?
Speaker0 Tout à fait, tu as tout dit. c'est ça, c'est des lieux atypiques c'est des collectifs et comment on s'organise on va dire le monde d'après qui tarde un peu à venir on en a beaucoup parlé après le Covid mais ça tarde vraiment à venir surtout vu nos gouvernants vu les décisions politiques qu'on a en ce moment c'est assez triste, je suis allé voir 8 tiers lieux donc le 8ème c'était ce mois de juin pendant une année c'était vraiment très chouette puisque à chaque fois je revenais rebooster je voyais un peu ce que peut être le monde d'après, en fait. C'est des collectifs, ça peut être des gens qui habitent ensemble ou pas forcément, ça peut être des, organisations toutes petites, ça peut être vraiment des grandes familles de trentaines d'habitants, des employés, des salariés qui travaillent sur des questions liées à l'alimentation, l'accueil, par exemple, un truc qui m'a beaucoup ému, l'accueil des femmes, des jeunes femmes, mères, dans une ferme, enfin, vraiment. Et du coup, le podcast s'appelle « Au cœur des tiers-lieux ». C'est fait avec l'Agence nationale de cohésion des territoires. Et donc, c'est huit épisodes un peu partout en France. On a voulu à chaque fois une thématique différente et dans une région différente. Donc, on a été en Bretagne, dans le nord, Nouvelle-Aquitaine, dans le sud. Je partais à minimum 24 heures en immersion dans le lieu et j'interviewais des gens. Je prenais un peu les ambiances. Et donc, à chaque fois, c'est un épisode de 30 minutes avec des gens qui nous expliquent leur relation avec le lieu, comment ça fonctionne, les difficultés. Et tout ça pour donner envie à tout le monde, au grand public, de découvrir ces lieux, de venir, notamment au niveau local. Ce n'est pas forcément des choses au niveau national, même si certains font de l'hôtellerie aussi, du tourisme. Mais surtout au niveau local, de faire connaître ça, notamment aussi à des porteurs de projets. Ça pourrait leur donner envie de dupliquer le modèle sur leur territoire. D'aussi inspirer des collectivités pour aider ces lieux, notamment qui ont besoin de foncier, c'est-à-dire de lieux, de terrains, d'abâtiments, mais aussi de les aider financièrement. Parce que la plupart de ces tiers-lieux cherchent un modèle économique, et ils l'ont trouvé, certains, mais beaucoup aussi fonctionnent. Encore à base de subventions, parce que ça ne peut pas fonctionner dans un modèle économique capitaliste, en quelque sorte. Mais voilà, en tout cas, la plupart cherchaient quand même un modèle économique autonome, que des activités puissent être rémunératrices et pouvoir développer des activités peut-être moins rémunératrices liées à la caisse sociale solidaire, par exemple.
Speaker1 Et il y aura d'autres épisodes où ça s'arrête à 8 ?
Speaker0 J'avais très envie de faire ce podcast, donc j'ai contacté l'ANCT, qui est l'institution publique qui notamment finance et qui a un programme sur les tiers lieux. Pour aider, pas que en termes financiers, mais aussi les aider à se faire connaître, etc. Je leur ai proposé ça, en fait, j'avais très envie de le faire et j'avais très envie aussi, égoïstement, à chaque fois, d'essayer d'y aller dans ces tiers-lieux à vélo, train plus vélo, ce que j'ai à peu près réussi à faire, donc c'est cool. Parfois, d'ailleurs, je leur raconterais peut-être dans un article de blog avec des péripéties assez amusantes sur le fait qu'on ne peut pas forcément avoir transporté notre vélo dans le train, du coup j'ai eu des trucs marrants où j'ai acheté un vélo que j'ai revendu deux jours après, ok c'est des trucs marrants juste parce que j'avais très envie d'y aller à vélo, et pour l'instant oui, ces huit épisodes donc j'ai eu la chance de pouvoir me faire payer en fait, pas beaucoup mais au moins c'est cool d'être payé pour au moins se déplacer un peu partout prendre des billets de train, aussi rémunérer les tiers-lieux Lorsqu'il y a de l'hôtellerie, je payais ma place quand c'était possible, sauf s'ils m'invitaient, mais voilà, c'est cool. Et voilà, de faire ce Tour de France, c'était cool. Alors, ce n'est pas un Tour de France, ce n'est pas une épreuve physique. J'ai visité huit tiers lieux et ça a duré un an. J'y allais une fois tous les mois ou tous les deux mois. C'était une chouette expérience. Je ne sais pas si on aura une saison 2, pourquoi pas. Moi, je suis partant. C'est cool.
Speaker1 Donc, il y a un appel à financeurs. S'il y a quelqu'un, tu serais partant.
Speaker0 Ah ouais, carrément. Après, c'est vrai que c'est beaucoup de boulot, beaucoup de voyages et beaucoup de montage derrière. Parce qu'en fait, j'arrive avec énormément de ce qu'on appelle le rush, c'est-à-dire tout ce qu'on a enregistré, des heures d'enregistrement et qu'il faut ensuite monter, je le fais moi-même, en fait, sur Audacity, un logiciel libre. Et c'est un puzzle. Je vous invite vraiment à découvrir le podcast. Ça n'a rien à voir avec Techologie. Donc, c'est un espèce de puzzle et j'essaie d'assembler les trucs pour que ça soit logique et que ça soit agréable et tout. C'est un épisode sur un lieu, mais dans un épisode vous allez entendre peut-être, je ne sais pas, une quinzaine de voix. Une quinzaine de personnes qui vont s'exprimer, ça peut être des gens du lieu, ça peut être des gens qui, ce jour-là où j'étais, ont découvert ce lieu, ils sont venus parce qu'il y a une brocante, parce qu'il y a un événement. Voilà, ça peut être des usagers du lieu, ça peut être un élu. Voilà, j'ai interviewé des maires de petits villages trop trop sympa et tout voilà ok et.
Speaker1 Tu nous rappelles le nom de ce podcast ?
Speaker0 Alors ça s'appelle Au coeur des tiers lieux.
Speaker1 Au coeur des tiers lieux ok
Speaker0 Les éclaireurs de la transformation écologique et c'est fait avec l'ANCT et Et je remercie aussi Céline Berthaud qui m'a fait la voix du générique. Ça sort le 7 juillet et en fait tous les épisodes seront publiés d'un coup. Voilà.
Speaker1 OK. Bon, ben voilà. Bienvenue chers auditeurs, auditrices. Je prévoyais de parler d'un sujet plutôt sobriété numérique et de parler du podcast Techologie. Et nous parlons en fait de toute autre chose. C'est la magie des échanges et des partages un peu improvisés. Il y avait un déroulé préparé, mais on part sur des chemins de traverse. Merci pour ce partage.
Speaker0 Mais si tu veux, on peut revenir sur le numérique, il n'y a pas de souci.
Speaker1 On va y retourner, mais justement, ça m'amène une question à laquelle je n'avais pas pensé, mais techologie, du coup, c'est une enquête que tu vas continuer ?
Speaker0 Ouais, du coup, peut-être ça explique un peu le rythme un peu plus lent ces derniers mois où j'ai, comme j'avais les podcasts sur les tiers-lieux avec beaucoup de montage et tout, c'est vrai que niveau, mental et même physique, j'avais du mal un peu à continuer mon enquête. Je ne parle jamais d'enquête, mais c'est bien. c'est vraiment une enquête une enquête qui ne va jamais se terminer en quelque sorte, même si peut-être qu'un jour Techologie va se terminer, mais ça reste quand même aussi une aventure collective, donc s'il y a des gens qui veulent contribuer, welcome, et là j'ai un épisode en montage qui est un peu spécial, parce que c'est pas moi l'interviewer, c'était un événement de Point de MIR, l'association Point de MIR donc en ne m'entend pas dans le podcast, et tant mieux parce que moi j'aime pas m'entendre, et non c'est avec Bela LOTO, Fabrice WARNECK et Agnès CRÉPET par rapport à un événement sur... La réalité ouvrière du numérique. Et du coup, peut-être que ça sera sorti au moment où vous écoutez aussi ce podcast. C'est tant jamais, mais là, je n'ai pas de date de publication. Enfin, je fais ça quand je peux. Il y a beaucoup de travail de montage et aussi de transcription derrière qui demande du temps.
Speaker1 OK, donc Techologie continue. C'est cool. Je pourrais encore continuer d'écouter ton enquête sur les sujets. Un prochain épisode qui va sortir sur la réalité ouvrière du numérique. J'ai beaucoup aimé ce titre et merci encore à la proposition du Point de MIR et notamment de Bela Loto. Donc, je vais peut-être revenir un peu sur sobriété numérique. J'ai lu une interview de toi sur le blog de Telecoop. Telecoop, c'est l'opérateur réseau qui incite à la sobriété numérique, donc qui vend des forfaits limités en données, etc. Et j'ai extrait trois passages de cette interview. Et donc, le premier, je te cite, tu disais, Il est difficile de définir ce qui est utile de ce qui est futile. Et parfois, dans le futile, il y a de la poésie, oui, même dans le numérique. Alors, dans une perspective d'économie post-croissance, faisons le tri démocratiquement et gardons ce qui sert l'intérêt général sans détruire le vivant. Ça, c'est ce que tu écrivais. Et moi, en te lisant, je me suis dit, comment ne pas être d'accord ? C'est comme ça que j'ai ressenti les choses. Mais tout de suite m'est venue la question de comment tu définirais cet intérêt général vis-à-vis du numérique, bien sûr. Et qu'est-ce que c'est que ce utile versus ce futile ? Comment tu le définirais ? J'ai presque envie de rajouter aussi une autre question qui me vient, c'est quoi cette poésie dans le numérique que tu as pu croiser, découvrir ? Si tu as des exemples, si tu as des choses à nous partager sur ça, ça peut être hyper intéressant aussi.
Speaker0 Définir l'intérêt général, c'est compliqué. Peut-être que je vais faire simple et peut-être vraiment ma définition à moi. L'intérêt général, c'est ce qui profiterait à tous pour combler des besoins essentiels sans les équiconques. Et quand je dis sans les équiconques ça peut être des gens ici en France ou ailleurs liés à la production du make comme on en a parlé avec les logiques coloniales etc les réalités ouvrières on en parlait, Et puis, en réalité, l'intérêt général de ce qui est utile, futile, c'est un référentiel mouvant, en réalité, mouvant dans le temps et dans l'espace. Parce que les besoins essentiels de l'homme et la femme moderne n'est pas le même que l'homme de Cro-Magnon. Les besoins essentiels d'une personne qui vit en France n'est pas la même qu'une personne qui vit à Gaza ou à Kinshasa.
Speaker1 Et voilà mouvant dans le temps, dans l'espace et d'où le fait qu'il y ait cette question démocratique que tu mettais un peu au centre en faisant le tri démocratiquement situé, ancré que ce soit dans un territoire et dans un temps ou dans une époque donnée, c'était ça ton propos et du coup ça amène à cette question de finalement qu'est-ce qui est l'intérêt général et qu'est-ce qui est utile versus futile, c'est une enquête en soi une enquête collective démocratique qui du coup devrait peser sur les choix de ce qu'on produit, de ce qu'on vend, de ce qu'on consomme et de ce qu'on interdit, du coup, en balance. En tout cas, c'est ça que j'entends dans ta proposition. Et sur cette question de la poésie dans le numérique, puisque tu l'évoquais dans l'article.
Speaker0 Ça, c'est un autre sujet sur lequel je travaille aussi à titre entre le pro et le perso. Vraiment, les limites sont assez floues parfois. Je travaille sur un jeu vidéo. C'est un peu peut-être paradoxal de parler d'enlever du futile, etc. Mais j'aimerais bien utiliser ce média-là pour sensibiliser sur les enjeux écologiques, notamment. Mais oui, la poésie, ça peut être aussi des trucs complètement timbrés. Moi, avant d'être un peu sensible à tous ces sujets-là, au départ, j'ai travaillé dans le domaine du flash, en fait d'ailleurs. Flash, je ne sais pas si vous connaissez, mais c'était une technologie propriétaire qui était utilisée sur Internet à produire des animations, des jeux. Donc moi, j'ai un peu appris la programmation avec ce logiciel-là et on faisait des trucs complètement délirants. Quand je disais « on », parce que je faisais partie d'une communauté en ligne, on partageait des trucs, il y avait des espèces de challenges. Mensuel, je ne sais plus, il fallait créer des mini-jeux. Voilà, il y avait de la poésie dans ça, on va dire. Cette poésie-là, je trouve qu'on l'a un peu perdue. Peut-être qu'il y a encore des communautés comme ça, mais que je côtoie plus trop. Pas du tout. Parce que j'ai déjà la communauté des militants vélo, la communauté écologique. Mais à l'époque, les communautés un peu lunettes, on était au milieu de ce qu'on a aujourd'hui, avec les fake news, le cyberharcèlement, tout ça. Je trouvais que c'était hyper bienveillant, il y avait des délires de fou, on faisait des productions. Voilà. J'aimais beaucoup traîner, notamment sur les forums, parce que quand je suis arrivé en France, j'ai vécu vraiment un déracinement. J'étais plutôt dans les communautés anti-aise en ligne, on va dire. Du coup, on partageait des photos, des montages donc grâce au numérique on se retrouvait via ce canal là, C'est vrai que si on enlève aussi tout le futile, on enlève aussi le côté poésie. Donc non, il faut aussi arbitrer par rapport à ça. Il faut qu'on conserve aussi cette partie de futilité qui finalement est utile. Ça pourrait être même un sujet du bac. Est-ce que l'art est futile ? La réponse est non, mais il faudrait peut-être un peu plus développer.
Speaker1 C'est pour ça que tu écrivais, il est difficile de définir ce qui est utile de ce qui est futile. et qu'au final, quelque chose de futile au premier abord, comme un jeu, comme quoi que ce soit, peut être très utile, en tout cas, d'un point de vue communauté, liens sociaux, créativité, création.
Speaker0 Oui, tout à fait. C'est hyper compliqué. Après, je pense que ce qui est futile aujourd'hui, c'est l'émergence de l'IA partout. Et je ne veux pas dire tiens, l'IA peut être utile pour ça, pour ça, pour ça, pour le climat, pour tel truc, pour optimiser la logistique. Je ne suis pas du tout dans ça. Il faut vraiment qu'on résiste à l'émergence de ce tout technologique qui est hyper énergivore, hyper destructeur avec des conséquences sociales, sociétales et mondiales assez énormes typiquement vraiment on a vécu sans, on peut vraiment continuer à vivre sans, voilà ça c'est vraiment pour moi futile, Et faire le tri entre l'utile et le futile, il y a la dimension individuelle. Moi, je ne veux pas aller sur ce terrain-là, c'est chacun à réfléchir un petit peu. Mais effectivement, plus sur la dimension collective et peut-être on pourra en reparler au niveau collectif, au niveau d'une localité, au niveau d'une région, au niveau d'un pays, au niveau mondial. Voilà, de réfléchir à ce qu'on peut faire.
Speaker1 Oui, parce qu'il y a la question des municipales qui arrivent pour 2026. C'est vrai qu'à l'échelle de la commune, de la municipale, un petit peu en écho à ce qu'a pu faire Nicolas Vivant sur la commune d'Echirolles, là, près de Grenoble, sur passer entièrement la gestion de la commune sur logiciels libres, d'allonger la durée de vie des terminaux, etc., tout ce travail-là. C'est vrai qu'à l'occasion des municipales de 2026, il y a peut-être des choses à s'emparer à l'échelle municipale sur la question de la juste place du numérique et de la questionner, de la maintenir ou de la rediriger quand c'est utile. Ça, ça peut être des belles opportunités qui arrivent pour se saisir localement de ces sujets-là.
Speaker0 Tout à fait. En réalité, ça a commencé l'année dernière, en avril 2024. C'était la conférence avec Célia Izoard que vous pouvez retrouver sur le podcast Écologie. Donc, c'était sur la réalité minière du numérique. Et durant cette conférence, on a invité le public à venir sur scène à proposer des choses, en fait, pour justement réduire la place du numérique. Et c'est en fait Célia Izoard qui a beaucoup aimé l'exercice et qui nous a dit à Bela Loto et moi, son envie de continuer cet exercice-là et a proposé de se voir durant une journée. Ça s'est fait en octobre 2024 à Saint-Denis, à côté de Paris. On s'est réunis avec différents collectifs. On était 40 à 50 personnes. C'était formidable. Et pendant une journée, on a réfléchi sur différentes thématiques. Désamorcer la bombe écologique et le numérique, désamorcer l'IA, à réfléchir à dénumériser l'école dénumériser les services publics il y avait 7 ou 8 thèmes et c'était très très chouette ça nous a donné vraiment envie d'aller un peu plus loin c'était assez frustrant une seule journée, Et donc, on a continué en avril. On s'est tous réunis pendant deux jours, en fait, un week-end. On a tous pris sur nos jours de travail, de famille, de week-end. Et on s'est réunis du coup en Bourgogne, cette fois-ci au Vert, vraiment dans un lieu super chouette. Et on a travaillé avec différents collectifs sur différents sujets. C'était assez mouvant. On avait un cadre, mais finalement, on est sortis complètement du cadre. Et on peut recadrer les sujets en disant, tiens, quelle est la prochaine échéance politique? C'est les municipales en 2026, en mars 2026, et ça serait bien de commencer par le bas, au niveau local, et du coup, qu'est-ce qu'on peut faire comme proposition pour. Évoquer une décroissance numérique, une désescalade numérique, au niveau local, et donc on a commencé à écrire dix propositions, et dix propositions pour dénumériser, en tout cas enlever du numérique au niveau municipal, qu'est-ce qu'une mairie, d'une petite collectivité, d'un petit village, une mairie d'une grande ville comme Lyon, Paris, peut faire à son niveau. Échirolles, tu citais Échirolles, effectivement, Échirolles on cite dans nos propositions, notamment pour dégafamiser le numérique de la mairie. Mais pas qu'Échirolles, on a trouvé des super exemples comme Villeurbanne, qui propose le droit au non numérique, de pouvoir que les habitants puissent accéder à tous les services, à toutes les démarches, sans utiliser de numérique. Ce qui n'est pas le cas ailleurs, en fait. Il y a des trucs un peu logiques, mais aujourd'hui en fait on n'a aucune obligation d'utiliser d'une mail pour accéder à des services publics à des démarches, mais ça on le sait pas en fait donc on a tout à fait le droit de dire écoutez j'ai pas d'ordinateur ou mon smartphone, mon ordinateur ne me permet pas d'accéder au service, je veux pouvoir accéder à la démarche sans utiliser mon ordinateur ni internet etc, donc voilà en gros un peu la démarche.
Speaker1 Et vous en saurez plus prochainement puisqu'il va y avoir une tribune on va en parler davantage ça arrivera mais là on a fait un peu l'historique de ce qui va arriver
Speaker0 Juste peut-être rajouter aussi ce qu'on a voulu parce qu'il y avait vraiment pas mal de collectifs engagés dans ce sujet et des collectifs, plutôt nuancés sur le fait d'utiliser certaines formes de numérique d'interdire les smartphones aux plus ou moins de 15 ans mais certains n'étaient pas d'accord, mais l'idée c'était vraiment de pas aller sur le terrain, technophobique ou réactionnaire, donc vraiment éviter cet écueil donc vraiment travailler sur, dénumériser garder vraiment l'essentiel même si certains collectifs veulent carrément démanteler le numérique mais justement on a voulu essayer de faire parler ces différentes nuances technocritiques voilà.
Speaker1 Eh bien, ça fait bien la transition, mais en fait, finalement, on a un petit peu exploré, parce que je parlais de ces trois sujets que j'ai picorés dans ton interview sur le blog Telecoop. Le deuxième que j'avais attrapé, c'était parler de décroissance, donc je te cite, parler de décroissance numérique de façon positive, on y travaille, c'est par exemple enlever le numérique là où ce n'est pas utile, réhumaniser les services publics, protéger les enfants et adolescents des réseaux sociaux et du cyberharcèlement, c'est refuser le classement algorithmique des populations, enlever le numérique là où ce n'est pas utile, voir là où ça fait mal, Est-ce que tu as des exemples, soit de pratiques à ton échelle, soit de collectifs qui le documentent et où est-ce qu'on peut en savoir plus ? Finalement, là, on vient un petit peu d'en parler via cette histoire-là de décroissance du numérique et de ce collectif qui va faire des propositions pour les municipales. Ça, c'est un espace concret qui le document. Il y en a peut-être d'autres que tu as envie de nous partager ?
Speaker0 Oula, il y en a beaucoup d'autres. Non, après, moi, je suis adhérent au Point de MIR. C'est Point de MIR qui porte un peu le sujet de programmes de décroissance, des escalades numériques. Mais avec différents collectifs je pense aussi à l'association Halte à l'obsessence programmée HOP, vraiment qui fait un travail formidable, j'oublie aussi les designers éthiques, point de MIR que j'ai cité aussi, voilà. Après, j'aime beaucoup aussi lire ce que fait l'association du mouton numérique, notamment. J'aime beaucoup aussi regarder un peu tout ce qui se fait au niveau des collectifs liés à la désertion, en fait. Quel est le discours qu'ils portent ? Je pense aux Désert' Heureuses, je pense à Vous n'êtes pas seuls. Vous n'êtes pas seuls qui aussi mènent des actions contre des grands groupes alimentaires en Martinique. J'aime beaucoup aussi lire ce que fait Limites Numériques Thomas, Thibault, coucou. Notamment, il y en a d'autres et puis ouais, là j'ai plus en tête mais il y a plein de collectifs et je m'inspire de beaucoup de choses que je lis ou que je vois, j'ai contribué au Shift Project, j'avoue que je me suis un peu éloigné parce que c'est vrai que ça reste le discours très décarbonation et tout, même si le côté matérialité est là mais j'avoue ne plus trop trop regarder un peu ce qui se fait de ce côté-là. En France, on a quand même pas mal de collectifs qui travaillent sur le sujet. On a la loi réduction empreinte environnementale du numérique, même si honnêtement, elle ne propose pas une décroissance numérique. C'est assez tiède, mais quand même, on a la chance entre guillemets d'avoir ça au niveau mondial. Enfin, je me rappelle, quand j'étais à la DINU, j'avais parlé à un homologue on va dire, qui travaille en Estonie. Et en Estonie, par exemple, le numérique c'est formidable là-bas il n'y a pas de problème d'inclusion numérique puisque les jeunes ou les personnes âgées ils sont à fond, tout se fait sur smartphone, tout se fait sur ordinateur et non ils ne voient pas du tout le problème lié aux impacts, écologiques, environnementaux sociaux du numérique donc vraiment il y a un très fort décalage et c'est vrai qu'en France il y a un terreau fertile, lié à la critique des technologies on va dire globalement.
Speaker1 Ok, donc de nombreux collectifs, tu nous en as cité quelques-uns, mais ce n'est pas les seuls, il y en a plein d'autres. Peut-être pour terminer sur cette interview-là, le troisième point que j'avais relevé, qui m'intéressait de discuter avec toi, c'est que tu disais, dans les interstices du capitalisme, il est possible de subvertir le secteur du numérique. Donc là, grande question que j'ai envie de te poser, c'est comment ? Puisque là, tu évoquais cette possibilité dans l'interview, mais sans en parler, sans dire comment. Alors, comment ?
Speaker0 Je vais commencer déjà par le fait qu'aujourd'hui, pas mal d'entreprises disent qu'elles font des choses bien, qu'elles ont un responsable RSE, elles sont labellisées B-corp, elles sont labellisées numérique responsable, etc. Ou même des organisations publiques. Mais pour moi, ça reste bullshit. Tant que le modèle économique n'est pas en adéquation par rapport à ce discours-là, ça ne marche pas.
Speaker1 Ça reste des étiquettes.
Speaker0 Tant qu'il n'y a pas déjà de redistribution des richesses et que ça appartient à des capitalistes et à des actionnaires, ça ne marche pas en fait. Ça ne marche pas du tout. Donc pour moi, les alternatives, c'est les coopératives notamment, les associations éventuellement. Donc tout ce qui n'est pas, on va dire, vers le profit, la profitation comme on dit aux Antilles. C'est pourquoi j'ai rejoint en fait une coopérative. Quand j'ai quitté la Dinum, donc en tant que... Je n'étais pas fonctionnaire, mais j'étais au service de l'État. Je me suis dit, j'avais pas trop envie de rejoindre une boîte, déjà. D'une, c'était impossible, j'avais pas du tout envie. Déjà, avant la DINUM, j'étais dans une coopérative, donc Fairness, qui existe toujours, une SCOP. Et donc, c'était impossible que je rejoigne une boîte, que je sois salarié dans une boîte. Voilà, et du coup, les alternatives, c'était quoi ? C'était créer ma structure, ou me mettre en auto-entrepreneur. Mais ça aussi, c'est hyper capitaliste, en réalité. si on regarde bien et surtout on est mal protégé, c'est absolument précaire c'est dégueulasse et c'est du macronisme quoi. Et puis je me suis dit bah tiens je connaissais déjà les CAE les coopératives d'activité par l'emploi. Et notamment Coopaname qui porte un discours assez politique et j'ai regardé un peu différentes structures mais c'est revenu Coopaname, enfin le disco tout ça, tout matchait, les rencontres avec les gens, donc voilà je vais tout de suite rejoindre Coopaname, ça me parlait beaucoup ça me parle toujours c'est vraiment trop trop chouette je fais énormément de publicités mais regardez, C'est trop bien. Et puis, pourquoi aussi coopérative ? Parce que voilà, c'est distribution des richesses, c'est une protection, c'est plein de choses. Et globalement, le mouvement coopératif, c'est politique. Les coopératives qui disent « Ah non, nous, on ne fait pas de politique. » Ben non, de par la structure, c'est politique. Et du coup, pour parler du numérique, puisque Coopaname ne fait pas que du numérique, mais pour parler du numérique, je vais donner quelques exemples. Je pense notamment dans le domaine de la téléphonie, tout le monde connaît peut-être aujourd'hui, c'est Fairphone. Fairphone, c'est quoi ? Ils essaient de faire des téléphones qui soient moins dégueulasses, mais qui restent quand même dégueulasses, quoi qu'il arrive. On ne pourra jamais faire mieux. Même eux, ils le disent. Ils disent, le meilleur smartphone, c'est celui que vous avez déjà. C'est un très bon marketing. Je ne fais pas de pub pour Fairphone, parce que moi-même, je n'ai pas de Fairphone, mais je vais vous expliquer pourquoi. Donc, Fairphone, pourquoi Fairphone ? Parce qu'ils essaient de faire mieux au niveau de la chaîne d'approvisionnement, de favoriser certaines ressources, de mieux payer les ouvriers. Donc ça, on l'a entendu avec Agnès dans l'événement La réalité ouvrière du numérique. De mieux payer les ouvriers, les ouvrières aussi, beaucoup d'ouvriers, tout en rendant réparable. Parce que beaucoup de gens le voient que le côté réparabilité du téléphone, mais en fait, en réalité, il y a tous les coulisses. Donc comment rendre la chaîne d'approvisionnement beaucoup plus, on va dire, socialement et environnementalement moins dégueulasse. Et du coup, ça, c'est une alternative, mais ça reste une toute petite alternative. C'est 100 000 smartphones versus des milliards de téléphones vendus chaque année. Personnellement, je n'ai pas encore de Fairphone, peut-être jamais, je ne sais pas. Pour l'instant, j'ai un iPhone 6S qui a 10 ans. Je l'ai eu au moment où mon fils est né, quasiment. Donc, c'est facile de lui donner son âge. Et ouais, j'en prends soin, en fait. J'en prends soin. Je ne fais pas beaucoup de choses, de moins en moins de choses avec, puisque de toute façon, il est quasiment obsolète. Je ne peux plus trop installer des applications et tout, mais ce n'est pas grave. Je l'utilise aussi via navigateur pour certaines choses. Et voilà, j'essaie de changer la batterie, tout ça, à titre perso. Voilà ce que je fais. Mais bon, je ne vais pas donner d'exemple à quiconque. Et surtout, je mets une coque. Je trouve ça hallucinant, des gens qui ont des smartphones sans protection et dès qu'ils tombent, ça y est, c'est foutu. Ça, je n'ai jamais compris comment c'est possible.
Speaker1 Donc, prenez soin de vos artefacts numériques, de vos outils, de vos objets.
Speaker0 Il y a un bouquin d'ailleurs là-dessus, « Le soin des choses ». Et je me dis, peut-être que c'est mon dernier smartphone, même si, j'avoue, je ne suis pas totalement accro, mais j'ai pas mal d'usages quand même, notamment pour des petits trucs ou des actions militantes ou des choses comme ça. Donc... Ça va être difficile de s'en détacher, mais ce que j'essaie de faire, c'est pour l'instant garder le plus possible ce smartphone-là, en fait. Et je ne sais pas ce qu'il y aura après, en fait. Mais ça va être coupé de plein de choses, notamment du lien familial. Bref, c'est autre chose. Et puis, il y a d'autres alternatives. Je n'ai toujours pas d'action chez eux, mais je fais de la publicité parce que je suis usager, je suis client. Notamment mon ordinateur qui me sert aujourd'hui pour échanger avec toi. C'est une location auprès de Commown. Commown c'est une coopérative qui loue des Fairphone justement ou des ordinateurs, c'est ce qu'on appelle l'économie de fonctionnalité, c'est à dire qu'on n'achète pas, on n'est pas propriétaire mais c'est une boîte qui porte la responsabilité de conserver l'appareil le plus longtemps possible, de le réparer le plus possible et donc l'ordinateur que je loue c'est un ordinateur Why!, en réalité c'est juste une marque suisse d'une entreprise d'ailleurs que j'ai interviewée sur Techologie le porteur de projet qui a une histoire absolument super intéressante. Gros teasing, je vous invite à aller écouter l'épisode. C'est François Martelet. Et vraiment, ils essayent de s'approvisionner auprès, bien sûr, d'industrials chinois, quoi qu'il arrive, mais en essayant de rendre réparable le plus possible l'ordinateur, avec, vraiment des composants qu'ils essayent le plus standard possible pour pouvoir être remplacés assez facilement. Et puis, peut-être une dernière initiative, c'est aussi Telecoop, mon opérateur mobile. Et tu en as parlé tout à l'heure, oui, effectivement. Il propose des forfaits vraiment sur mesure par rapport à ce qu'on consomme, etc. Et vraiment, il y a un discours assez politique sur la sobriété numérique, sur aussi de se désintoxiquer du smartphone, etc. Donc, c'est assez intéressant. Voilà un peu pour ce qu'on peut avoir comme alternative dans les interstices du capitalisme.
Speaker1 Merci Richard pour cet échange. Peut-être pour terminer, quels sont tes projets en cours ? Au-delà du podcast dont on a déjà parlé, tu as évoqué tout à l'heure aussi dans une réponse dans la question de la poésie, tu as parlé du jeu que tu fais, peut-être que tu vas dire deux mots. Quels sont tes projets en cours et comment on peut les suivre ?
Speaker0 Le podcast sur les tiers-lieux qui est publié au moment où vous écoutez ce podcast. Et puis l'autre sujet, c'est le jeu vidéo, on en a parlé. qui sera disponible en fin d'année 2025. C'est un petit jeu en ligne dans le navigateur qui sera disponible gratuitement, que j'ai réussi à financer aussi. J'ai beaucoup de privilèges, j'ai beaucoup de chance de pouvoir faire ce que j'ai envie. Vraiment, j'espère que ça va durer. Et ce jeu vidéo, je le fais avec deux gars que j'ai rencontrés aussi grâce au jeu, notamment un qui travaille aussi à Coopaname. C'est un jeu vidéo sur mes sujets de prédilection, sur les technologies et l'écologie. Et voilà, comme je suis un grand fan des jeux Zelda, ça prend forme je peux dévoiler quelques trucs le personnage s'appelle Maï et le village s'appelle Trois-Rivières et donc c'est un peu inspiré de Zelda mais, Voilà, j'en dis pas plus, ça va être disponible en fin d'année et ça va être trop chouette.
Speaker1 Oui, gros teasing aussi, si vous regardez sur les posts de LinkedIn de Richard, vous verrez parfois des captures d'écran et puis les questions dont je ne dévoilerai pas puisque j'ai pu avoir la chance d'avoir une preview, mais le thème, le sujet reste mystérieux. Et donc, allez regarder les posts si ça vous intéresse pour voir ce qu'il en est. Ah oui, tu n'avais pas pu jouer,
Speaker0 Tu étais spectateur, effectivement. ça aussi on peut en parler parce que c'était durant notre week-end pour travailler pour désescalades numériques et là on se met tous autour de l'ordinateur à jouer à un jeu vidéo donc c'était, le côté dissonant c'était absolument drôle.
Speaker1 Les contradictions mais voilà quand c'est pour la poésie quand c'est pour la futilité qui crée du lien parce qu'il y avait un vrai lien, un vrai enthousiasme à jouer ensemble à ce jeu donc c'est ça qui est chouette aussi et c'est pour ça aussi que c'est intéressant je trouve d'avoir des discussions et des conversations un peu nuancées sur c'est pas tout ou rien dans le numérique parce qu'on voit aussi que ce côté jeux vidéo, ce côté collectif, ce côté ensemble à découvrir, à s'amuser, tout en s'informant on va dire, il y a un vrai intérêt dans le numérique et je trouve ça super intéressant, ça rejoint vraiment cette question de l'enquête sur la sobriété c'est pas on off, c'est pas tout ou rien et c'est certainement pas en opposant sobriété et efficacité qu'on trouvera des solutions malines, intelligentes, nuancées, politiques, adaptées, situées, et que ça nécessite un peu de subtilité, de nuance, et là, pour le numérique, c'était super chouette, dans un week-end de décroissance numérique, de jouer à un jeu vidéo, que tu es en train de créer, et donc il sortira fin 2025. Merci beaucoup, Richard, pour le partage d'enquêtes collectives, en fait, et puis bonne route, et à bientôt !
Speaker0 Merci Alexis, salut !
Speaker1 Salut !
Music Musique
Speaker1 J'espère que cet épisode vous a plu. Grâce à ces partages d'écoutes et de réflexions, de discussions authentiques, de doutes, de contradictions et de joie simple du quotidien, j'espère vous donner envie de mener votre propre enquête pour construire collectivement une alternative aux exploitations en tout genre.
Music Musique Je remercie Emric Priolon pour notre amitié de plus de 40 ans, qui réalise l'habillage et le montage sonore de ce podcast, Ingrid de Saint-Aubin pour son aide sur l'habillage visuel, Barbara Nicoloso, directrice de Virage Énergie, pour sa commande sur la sobriété qui m'a mis le pied à l'étrier, Alexandre Monnin et toute la communauté de la redirection écologique pour leur soutien et leur enthousiasme. Et bien sûr, mes invités, sans qui ces épisodes n'existeraient pas.
Speaker1 ...
Music Musique