Musique.
Bonjour, je suis Alexis Nicolas. Dans ce podcast, je vous propose de partir
avec moi en quête de sobriété.
Pour en finir avec la démesure de notre époque et pour vivre dès maintenant, dans le futur.
Mais en tant qu'ingénieur, salarié, homme, blanc, cis, hétéro,
la sobriété, ben c'est pas gagné.
Et oui, l'attrait pour la démesure affecte avant tout les personnes privilégiées.
Musique.
Épisode après épisode, théorique ou pratique, je mène l'enquête avec mes invités.
Bonne écoute !
Bonjour, avant d'introduire cet épisode, je vais vous partager une réflexion
que je me fais à propos de la promotion de ce podcast, surtout début 2025,
à l'heure de la fascisation à marche forcée des réseaux sociaux,
commerciaux et possiblement des plateformes de podcast.
D'abord, ça fait un moment que je ne suis pas à l'aise avec l'injonction de
mettre des étoiles et de partager les épisodes sur les réseaux.
En effet, depuis quelques années déjà, je refuse de tomber dans la notation à tout va.
Nous sommes sans arrêt incités à noter telle livraison, noter l'acte d'achat,
évaluer telle mission professionnelle.
Alors, pourquoi reproduire cette pratique qui me gonfle ? J'ai envie de faire
un pas de côté et de vous proposer de ne surtout pas mettre d'étoiles à ce podcast.
De la même manière, le partage sur les réseaux sociaux commerciaux ne m'enthousiasme pas vraiment.
J'ai même envie de vous inciter à vous déconnecter, donc d'arrêter cette course
au partage, de quitter les Twitter, Facebook,
Insta et WhatsApp pour rejoindre les internets fédérés, c'est-à-dire Mastodon,
PixelFed et d'autres, mais aussi les outils open source et le moins réappropriable
possible par un milliardaire fasciste.
Donc ne partagez pas ce podcast sur vos réseaux sociaux commerciaux.
Parlez-en de vive voix autour d'un déjeuner, d'une balade avec des personnes
qui cherchent à tendre vers une vie plus sobre.
Si vous en avez l'occasion, écoutez ce podcast directement depuis le site internet
auquel vous pouvez vous abonner si vous avez un compte mastodont.
Ou en vous abonnant au flux RSS de ce site internet.
Ou en utilisant Antenapod, qui est une alternative open source au Spotify,
Deezer et Apple Podcast.
Bon, c'est peut-être un peu technique, peut-être que tout ça était un peu du charabia.
N'hésitez pas à vous renseigner si ça vous intéresse et sinon, laissez tomber.
En tout cas, voilà où j'en suis à ce jour dans mon enquête vers une promotion
plus sobre, plus décentralisée, moins réappropriable et plus acceptable.
On pourrait même lancer une expérience sociale. Avec aujourd'hui 200 à 300 écoutes
par épisode, ça peut être rigolo.
Écrivez une carte postale à un ami, un proche, une personne chère à qui vous
aimeriez parler de sobriété.
Parlez-lui de votre enquête, partagez-lui l'épisode ou la réflexion que vous
pensez importante pour elle.
Envoyez-lui une carte postale de sobriété. Et racontez-moi ce que cette expérience
a produit chez vous par e-mail à enquête de sobriété, sans accent et un tiré à la place des espaces,
arrobase p-m-point-m-e.
D'une certaine manière, dans cet épisode avec Geneviève Wendelski,
nous parlons d'un sujet assez proche de ses réflexions préliminaires.
Geneviève a proposé un pas de côté aux actions classiques de promotion à la sobriété énergétique.
Elle a proposé un spectacle vivant, co-construit avec les habitants et habitantes
de la communauté de communes, grâce à une enquête qui s'intéresse davantage
à la vie bonne qu'à la sobriété.
Enfin, pour me permettre de continuer ce podcast, je ne fais pas appel aux dons, non.
Mais je fais appel à invitation. Invitez-moi dans vos cercles professionnels,
associatifs, dans vos cercles universitaires, entre collègues,
à venir échanger avec vous, contre un défraiement et une participation à prix libre.
Sait-on jamais, cela pourra peut-être se transformer en un accompagnement rémunéré
qu'une organisation pourra financer et qui me permettra de continuer l'aventure.
Bonne écoute.
Bonjour Geneviève. Bonjour Alexis. Geneviève Wendelski, nous nous sommes rencontrés
dans le cadre de mon travail pour Virage Énergie en mai 2024,
suite à une mise en relation par Julien Rodriguez, qui est secrétaire général
de la commune de Mutterscholz et membre du réseau Sobriété.
Julien m'avait parlé d'un travail artistique que tu mènes, parce que je crois
qu'il est encore en cours, sur la communauté de communes de Sélestat,
dont Mutterscholz fait partie.
Et c'était le tout début de ton projet, quand on s'était parlé la première fois,
et j'avais très envie d'en savoir plus sur ton travail.
Et donc, je suis ravi de t'accueillir aujourd'hui au micro du podcast Enquête de sobriété.
Donc Geneviève, raconte-nous qui tu es, ce que tu fais, de quelle perspective
tu nous parles. Moi, je suis compteuse professionnelle depuis 17 ans maintenant.
Auparavant, j'ai travaillé comme anthropologue et comme chercheuse pour l'université
et pour des ONG, dans ce qu'était à l'époque ce qu'on appelait la coopération-développement.
Ensuite, j'ai travaillé dans le social aussi comme psychologue,
parce que je suis aussi psychologue de formation.
Et donc, toutes ces casquettes, elles vont bien ensemble en fait,
pour faire le travail artistique que je mène aujourd'hui.
Parce que ce qui m'intéresse, c'est la société, le vivre ensemble.
Et comme on est tous sur le même bateau, comment on va s'en tirer tous ensemble
? Voilà, de toute cette difficulté, de tous ces défis.
Je travaille avec ces trois casquettes, avec tous mes bagages pour pouvoir réaliser mes créations.
Et ce projet artistique pour lequel Julien nous avait mis en contact,
quelle était son origine ? Quelle était la commande, la demande initiale venait
de qui, d'où ? Comment ça s'est passé ? En fait, la communauté de communes a reçu de l'ADEME
Donc, l'Agence pour la transition énergétique, c'est l'agence nationale.
Une enveloppe pour réaliser des interventions auprès de la population,
pour sensibiliser la population locale au thème de la sobriété.
Alors, c'était un terme assez vague. Je pense qu'ils sous-entendaient la sobriété
énergétique parce que, au niveau de la communauté de communes,
le coordinateur travaille principalement sur tout ce qui est sobriété énergétique
au niveau du territoire.
Ils étaient un petit peu démunis parce que c'était la première fois qu'ils avaient
à faire une démarche de communication et donc ils chercher un moyen,
original et en même temps qui puisse quand même avoir un impact pour parler
de ce thème à la population et pour pouvoir à la fois changer les comportements, mais aussi.
Faire connaître les activités, tout ce qui est en train de se mettre en place
au niveau de la communauté de communes qu'au niveau collectivité.
Dès le début, en fait, il y avait une idée quand même de, à la fois,
en savoir un peu plus de la part des habitants et habitantes de la communauté
de communes et en même temps faire connaître.
Donc c'était montant et descendant à la fois leur intention ?
Non, en fait, c'est moi qui leur ai suggéré de faire mon temps et descendant.
Parce qu'eux, ils avaient plutôt tendance à faire descendant.
Comment est-ce qu'on informe la population ? Et moi, je leur ai dit que c'est
beaucoup plus intéressant de faire dans les deux sens. Parce que les gens,
ils ont des choses à dire, ils ont leur propre expérience de vie sur le territoire.
Je suis certaine qu'ils trouvent eux-mêmes des solutions, qu'ils vont pouvoir exprimer des besoins.
Et donc, c'est très intéressant de savoir ce qu'ils en pensent aussi.
Donc, c'est pour ça que je leur ai suggéré de plutôt démarrer par toute une
démarche d'interview et de collectage de paroles avant de faire un travail de
diffusion, je vais dire, d'information.
Parce que la diffusion d'informations, en fait, ça peut être aussi pris comme
donner des leçons aux gens.
Et ce n'est pas nécessairement ce qui fonctionne le mieux.
En fait, ce qui est le plus intéressant, c'est le dialogue.
Ils ne savaient pas trop comment faire, en fait. Ils sont un peu démunis parce
que ce n'est pas leur outil, le coordinateur, forcément. C'est un ingénieur
en énergie renouvelable.
Ce n'est pas son domaine, la communication. Oui, et puis là,
tu as vraiment combiné tes casquettes artistiques de conteuse avec tes casquettes
de chercheuse en sociologie et anthropologie.
Et c'est ça qui t'a amené à suggérer, à articuler.
C'est ce que j'aime bien quand tu m'avais présenté le projet.
J'aimais bien cette articulation entre projet artistique et démarche scientifique
et recherche et aller collecter la parole, comme tu dis, auprès des habitants
et habitantes. C'est ça.
Alors après, au départ, ils savaient évidemment qu'en sélectionnant mon projet
dans l'Appel à projet, leur idée, c'était quand même de faire un support artistique pour diffuser...
Le thème, la thématique de la sobriété, ça, c'était quand même un souhait de leur part. D'accord.
Mais par contre, le fait de faire circuler la parole, moi, c'est ça qui m'intéresse,
c'est que la parole, elle circule entre les différentes sphères,
entre les sphères politiques, les sphères plus populaires, les sphères professionnelles, que tout ça,
ces paroles-là, elles puissent être entendues et créer des formes d'échanges.
Ça résonne beaucoup avec d'autres épisodes, d'autres échanges que j'ai eus avec
d'autres personnes, et notamment tous les thèmes de la redirection écologique,
dans lequel cette question ne peut pas partir d'un point de vue trop théorique,
mais d'aller rencontrer les personnes et discuter des attachements,
donc ce à quoi les personnes tiennent, par quoi ils sont tenus et ce qui les
tient, donc en termes de valeur, en termes de contraintes, en termes de dépendance, etc.
Je vous invite, auditeurs, auditrices, à aller écouter d'autres précédents épisodes
pour peut-être une partie plus théorique sur ces questions-là,
mais ça fait vraiment écho à tout ça.
Donc, tu nous disais qu'il y avait une dimension artistique dès le début dans la demande.
Tu m'avais aussi dit, je crois, qu'il y avait une question de public,
d'essayer d'élargir au-delà des déjà convaincus. Je crois que c'est quelque
chose comme ça que tu m'avais dit.
Je ne sais pas si c'était dans la demande ou si c'était toi qui l'avais suggéré.
C'est moi qui l'ai suggéré aussi.
D'accord. C'est-à-dire que moi, en tant qu'artiste, je travaille pas mal dans
des événements en lien avec la nature, l'environnement, tout ce qui est en lien
avec l'écologie, ou dans des projets, des projets pédagogiques,
des projets d'école, des projets de toutes sortes, avec toutes sortes de publics.
Mais vraiment engagé, je vais dire, autour de l'écologie, où le public qu'on
rencontre est souvent un public déjà convaincu, déjà acquis.
Et donc, l'entre-soi, c'est chouette, on apprend toujours des choses,
mais ce qui est intéressant pour faire bouger une collectivité,
puisque l'idée c'est de faire bouger tout un territoire, c'est d'aller voir
les gens qui ne sont pas convaincus,
et même les personnes qui sont réfractaires,
et voir qu'est-ce qui les freine,
qu'est-ce qui les empêche d'adhérer, qu'est-ce qui les met en colère,
qu'est-ce qui les motive parce que si on ne trouve pas l'universel,
ça risque de créer des conflits des oppositions et des extrêmes et c'est ce
qu'on voit un peu dans ce qui se passe pour l'instant dans la société c'est-à-dire que ça se braque,
Et c'est vraiment un point de vue contre un autre. Et chacun a l'impression
d'avoir raison et de défendre le vrai, le bon.
Et c'est un langage de sourd, quoi. Donc, pour moi, l'intérêt,
c'est vraiment de refaire circuler cette parole.
Et à partir de là, sur quoi on peut s'appuyer, qui nous est commun, quoi, vraiment.
Dans la démarche que tu as proposée, je comprends en fait que cette circulation de parole, au final,
via l'artiste et la chercheuse que tu as incarnée, notamment dans ces interviews,
dans ces entretiens avec les habitants, en allant chercher la parole de celles
et ceux qui ne viendraient pas spontanément sur ces types de sujets-là, notamment.
Tu as été un peu cette passeuse de paroles, cette personne qui va écouter,
questionner et faire dialoguer tout ça.
Et puis après, ça a donné forme à des spectacles dont on parlera plus tôt sur la fin.
Mais d'abord, peut être se concentrer sur ce moment un peu d'enquête et d'entretien
terrain que tu as eu avec les habitants habitantes. Oui.
De quoi avez vous discuté ? Sur quoi tu les as interrogés ? Tu vois,
c'était quoi tes questions ? Comment ils et elles ont réagi à tes questions
? Alors, j'ai proposé déjà à la communauté de communes de choisir des personnes
qui représentaient des groupes ou bien carrément des groupes d'habitants.
Ça, c'était vraiment le top quand je pouvais avoir des personnes,
10, 15, 20 personnes à la fois, c'est sûr.
Ça crée une émulation, ça fait des bas, etc. Ça mène d'un groupe.
Mais j'ai aussi des personnes qui étaient des représentants,
des représentants syndicaux, syndicats d'agriculteurs notamment,
qui font partie de la FNSEA, qui font partie des personnes qui,
à priori, sont plutôt dans l'agriculture conventionnelle.
Je suis allée voir des personnes de tous âges et de toutes professions.
J'ai essayé de vraiment faire un large panel. J'ai essayé d'aller voir des commerçants,
des enseignants, des conseils municipaux d'enfants.
Ça aussi, c'était très intéressant. Dans deux communes, il y avait deux groupes
comme ça, donc ça faisait déjà une trentaine d'enfants. J'ai rencontré des éducateurs,
des jeunes dans les périscolaires.
J'ai rencontré un groupe de jeunes qui se réunit à la médiathèque pour faire
toutes sortes de projets. Donc ça, c'était adolescent plutôt.
J'ai rencontré un groupe de personnes âgées, un club de personnes du troisième
âge dans un village, voilà.
Donc 12 communes, 12 groupes ou 12 personnes témoins à travers les 12 communes,
et chaque fois un par commune.
Et de quoi vous avez discuté ? Est-ce que tu avais des questions préparées à l'avance ?
Est-ce que tu te laissais guider par ce qui se passait ? Comment ça se passait
? Alors les entretiens duraient environ une heure à une heure trente et j'avais
toujours un cadre de questions. Et bien sûr, je laissais les personnes divaguer
si elles avaient besoin, envie d'aller plus loin.
Mais je dirais que les premières questions, c'était qu'est-ce que vous avez
pu observer comme changement dans votre quotidien, dans les cinq ou dix dernières
années, qui ont eu un impact vraiment sur votre vie professionnelle ou votre vie personnelle ?
Donc, je dirais pour voir si les gens identifiaient des choses,
est-ce qu'il y avait une conséquence directe sur leur vie ? Et la deuxième sous-question,
c'était est-ce que vous avez trouvé des solutions à ces problèmes ?
Enfin, si c'est des problèmes, parce que ce ne sont peut-être pas des problèmes.
Et donc, qu'est-ce que vous avez mis en place éventuellement par rapport à ces changements ?
Et ensuite, de quoi vous auriez besoin éventuellement par rapport à ces changements
? Qu'est-ce qui vous aiderait à mieux vous adapter à ces changements ?
Ça pourrait être des démarches personnelles, individuelles, mais aussi au niveau collectif.
Est-ce qu'au niveau du territoire, il y aurait des choses, des infrastructures,
des services qui vous aideraient ? Ça, ça élargissait encore le sujet.
Et enfin, je terminais par trois questions qui étaient un peu plus personnelles.
Qu'est-ce qui est le plus important pour vous dans la vie ? Qu'est-ce qui est essentiel ?
Qu'est-ce qui est superflu ?
Dont vous pourriez vous passer, et qu'est-ce qui vous donne de l'espoir.
Et ça, c'était des questions éclaires, où je demandais de répondre en un mot,
deux mots, sur un petit peu de papier, et puis après, ils pouvaient développer,
bien sûr, pour expliquer leur choix.
D'accord, et c'est à partir de ça que tu as construit ta matière.
Ce que je trouve très intéressant déjà dans tes questions, il y a une partie
un peu plus contextuelle, de comprendre un peu ce qui a changé pour ces personnes,
et puis la fin, dans laquelle on sent que les questions de la sobriété arrivent,
en leur place, qu'est-ce qui est le plus important, qu'est-ce qui est superflu ?
On voit bien, là, une articulation possible autour de ce que serait la sobriété.
Moi, ce qui m'avait frappé, c'est que nulle part, tu utilises le terme sobriété dans ces questions.
Si j'ai bien compris, c'était un choix stratégique de ta part,
voulu, pourquoi ? Eh bien, parce que le terme sobriété, c'est un terme qui est assez clivant.
Pour les personnes qui aiment la maîtrise, qui aiment sentir l'impact qu'elles
ont sur leur environnement, sur les choses, le mot sobriété,
ça va être plutôt vertueux.
C'est comme un sentiment de responsabilité, on a envie de faire les choses bien,
donc la sobriété ça va être plutôt quelque chose de bien vu.
Par contre, pour les personnes qui la liberté par exemple est très importante,
ça peut être limitant, comme si on voulait prendre le contrôle ou qu'on ne leur faisait pas confiance.
Donc je voulais éviter ces biais-là, de ne pas fermer le dialogue avec un mot
qui pourrait être interprétées d'une manière un peu caricaturale,
dans un sens ou dans l'autre.
Donc, je préférais que les gens parlent eux-mêmes de la sobriété,
c'est-à-dire que ce soit eux-mêmes qui utilisent le mot s'ils en avaient l'envie.
Et d'ailleurs, c'est ce qui s'est passé en général dès la première question.
Donc, la question de est-ce que vous avez observé des changements ?
Et est-ce que vous avez trouvé des solutions par rapport à ces changements ?
Dès le départ, en fait, on était dans le thème de la sobriété.
Je n'ai pas eu besoin d'appuyer sur ce terme.
C'est-à-dire que ce que la plupart des gens ont remarqué, surtout au niveau
professionnel, bien sûr, c'est l'augmentation de leur facture énergétique.
Donc, forcément, si on veut tenir une entreprise, il a fallu trouver des solutions.
C'est un lien de cause à effet direct.
Il n'y avait pas de possibilité de faire autrement. C'est même pas une question
de conviction, c'est une question de survie ou de bonne santé de l'entreprise.
De matérialité même des activités, voilà.
Tout à fait, et c'est valable pour les entreprises, mais c'était pareil pour la plupart des gens.
C'est-à-dire que la sobriété énergétique, finalement, c'est devenu une obligation.
On ne peut pas faire autrement si on veut gérer son budget correctement,
qu'on soit d'accord ou pas.
Oui, oui, oui. Alors moi, je vois un petit glissement parce que c'est vrai que
notamment dans les plans du gouvernement, on a beaucoup parlé de sobriété,
notamment énergétique suite à l'invasion en Ukraine, suite à l'augmentation
du prix du gaz russe, etc.
Mais je trouve justement que la sobriété a été sortie un petit peu comme une
solution chapeau dans l'urgence pour s'adapter à un truc qu'on n'avait pas bien
anticipé, pour limiter les gaspillages.
Et c'est un petit peu de ça dont on parle, je pense, où c'est venu dans la matérialité
des personnes avec l'augmentation des prix, l'inflation, l'augmentation des
prix de l'énergie en particulier.
Mais je trouve que de parler de sobriété dans ce contexte-là,
c'est un peu instrumentalisé. C'est-à-dire que moi, je trouve qu'on est plutôt
proche au mieux de l'ordre d'arrêter le gaspillage, tu vois.
Mais quand même, on est un peu du côté de l'austérité, je trouve,
dans le sens où, ah ben, c'est cher, il faut faire avec moi et débrouillez-vous,
quoi, débrouillons-nous.
Alors que je trouve que derrière la sobriété, il y a une idée aussi d'organisation
collective et d'anticipation collective. Mais je ne sais pas ce que tu en penses, toi.
Moi, de ce que j'ai entendu, c'est que les gens se sentent assez seuls par rapport à ça.
Et ils m'ont parlé de souhait de sobriété, parce que pour l'instant,
ils ont aussi beaucoup pointé l'ébriété en termes numériques.
Il y a une vraie souffrance de l'accélération du numérique et de la complexité
de toutes les démarches administratives qui sont liées à l'informatique,
mais même la communication en général entre les personnes.
Je pensais que ça allait être que les personnes plus âgées qui se sentiraient
atteintes par cette difficulté liée au numérique et au manque de communication aussi.
C'est-à-dire que c'est de plus en plus difficile de joindre une personne au téléphone.
Par exemple, quand on demande un service, on tombe sur des répondeurs automatiques,
on tombe sur des chats, on tombe sur des choses qui sont dépersonnalisées, qui sont complexes.
Avec des chemins complexes.
Et ça, c'est vraiment quelque chose qui est revenu de manière universelle,
c'est un besoin de simplicité.
Ils n'ont pas tellement utilisé le terme « sobriété » tel quel,
mais le mot « simplicité » est revenu de manière vraiment générale,
autant pour les enfants que les adultes, les personnes plus âgées,
quelle que soit la profession.
Il y a un besoin criant de simplicité, quelque chose de plus simple,
de plus tranquille, de plus lent, de plus humain,
voilà, de lien, retour au lien social, vrai lien, pas à travers les réseaux sociaux.
Il y en a même qui ont dit des réseaux asociaux, c'est drôle.
Et c'est on ne peut plus juste en 2025, au moment où on enregistre ce podcast.
Sous attente et demande de simplicité et de relations plus humaines,
mais au final de nommer les réseaux sociaux, et je parle des grands réseaux
sociaux comme X, Facebook, Meta et Instagram, avec les dernières orientations
politiques là en cours, de les nommer à cette époque-là.
Parce que toi, les entretiens, c'était en mai-juin 2024 ? Oui,
c'est ça. C'était entre mai-novembre 2024.
Et je trouve que de les nommer réseaux asociaux, c'est d'une grande sagesse, en fait.
En fait, c'est marrant parce qu'il y a beaucoup de gens qui ont parlé du temps
énorme qui passait devant les écrans et devant leur téléphone,
mais sans satisfaction réelle, profonde.
En fait, il y a une perte de joie liée à ça. Et ça revenait dans la question,
qu'est-ce qui est le plus important pour vous dans la vie ? C'est le lien, quoi.
La famille, les amis, les proches, mais aussi les voisins, avoir le temps de relationner.
Ça, c'est vraiment quelque chose qui est revenu beaucoup. Donc,
s'oblir des numériques, ça, c'est vraiment, vraiment revenu de manière générale.
Tous les gens qui se cassent la tête sur leur ordinateur en disant « Mais ça ne marche pas !
Mais comment ça se fait ? Mais ça bug ! Et comment ? Et comment je vais faire
pour retrouver ce papier ? Et comment je vais faire pour envoyer ça ?
Et comment je vais faire pour contacter cette personne ? Et comment je vais
faire pour... Enfin, bon, c'est général.
Cette complexité-là. Sur ce terme de sobriété, justement, et le fait de ne pas
en parler frontalement, mais plutôt de poser des questions qui amèneraient à...
Tu m'avais dit souvent, quand on parle de sobriété, les gens se sentent contraints.
C'est ce que tu nous disais tout à l'heure.
Et toi, d'un point de vue artistique, ton envie, c'est que les gens se sentent libres.
Tout à fait. Et c'est aussi le cas dans mes interviews,
c'est-à-dire que je veux donner des questions les plus ouvertes possible pour
que ce soit les gens qui amènent vraiment leur propre point de vue et qui ne
sentent pas que j'ai un a priori ou une attente d'un point de vue plutôt qu'un autre.
C'est-à-dire que si pour moi, une personne me dit « moi, en fait,
il me gonfle ses écolos à venir nous mettre des lois partout qui nous empêchent
de fonctionner et qui nous prennent pour des débiles », moi,
je veux accueillir cette parole-là.
Ça m'intéresse de savoir pourquoi, en fait, de quoi est-ce que vous avez besoin.
Moi, je prends pour partie que
chaque personne a sa vérité qui est la plus haute forme d'intelligence.
C'est-à-dire que pour elle, il y a des raisons très claires à ce qu'elle adopte
ce point de vue, même s'il paraît irrecevable, au lieu de la morale ou de l'air du temps.
Mais en tout cas, que ce point de vue puisse être exprimé et qu'il puisse aller
jusqu'au bout et qu'il puisse me dire finalement, au fond, c'est quoi que je voudrais là derrière.
Quand même il y a une colère, quand il y a un mécontentement,
quand il y a une résistance, qu'est-ce qu'il y a derrière ? Au fond,
qu'est-ce que je voudrais ? Et là, on arrive souvent à quelque chose d'universel.
On revient à quelque chose qui peut faire lien. Et c'est ça que j'attends.
Mais pour ça, il faut oser affronter des points de vue qui ne sont pas les mêmes que les nôtres.
Oui, accueillir cette parole et mettre un peu en pause ses propres réflexes
ou ses propres jugements ou ses propres positionnements pour en apprendre quelque chose.
Et peut-être que c'est ça qui m'intéresserait, c'est quels sont les sujets ou
les paroles qui t'ont questionné, qui t'ont bousculé, qui t'ont fait peut-être changer d'avis ?
Je ne sais pas. C'est l'ensemble bien sûr, c'est le fait de me rendre compte
qu'à travers des paroles de personnes qui pourraient dans la vraie vie être
complètement opposées.
Avoir des modes de vie vraiment à l'opposé les uns des autres,
même des points de vue politiques opposés ou ce genre de choses,
de retrouver des points communs, comme, je l'ai dit, le besoin de simplicité,
mais aussi de voir la diversité des modes de sobriété auxquels ils aspirent.
Alors ça, c'était étonnant parce que pour moi, au départ, j'étais sur sobriété
énergétique, peut-être un peu plus aussi vers le lien social, etc.
Mais par contre, je n'avais jamais pensé qu'ils allaient me parler de sobriété
militaire, par exemple.
Les jeunes, notamment le groupe de jeunes que j'ai rencontré à la médiathèque,
sont vraiment très inquiets et très concernés par les conflits qu'on retrouve dans le monde.
C'est quelque chose qui leur fait très peur, parce qu'ils disent « à quoi ça
sert finalement de faire tout ce qu'on fait si par ailleurs le monde peut péter
par la décision d'un fou qui prend le pouvoir ?
» Ils avaient raison d'en parler parce qu'ils se sentaient vraiment tout petit,
ils se sentaient impuissants.
Avec eux, on a fait des petites capsules vidéo aussi. Et donc,
ils ont trouvé des solutions intéressantes.
Et donc, par rapport à ça, ils ont dit, mais personne ne réfléchit à l'impact
de la guerre sur l'environnement.
Tout ce que ça génère, à la fois la pollution, mais les morts, ça a un impact colossal.
Et ça a un prix, ça a un coût. combien est-ce que ça coûte à un état,
La défense. C'est gigantesque, en fait.
Et tu disais qu'ils avaient des solutions ? Eh oui ! Ils avaient des solutions comme...
Et si on arrêtait les frontières, s'il n'y avait plus de frontières,
si on était juste des citoyens humains de la Terre,
il y aurait peut-être des représentants mais symboliques, plutôt honorifiques,
on va dire, pour mettre en valeur les cultures de différentes régions,
etc., mais qui n'ont pas un pouvoir réel sur les autres. Ils n'ont pas...
Et je trouvais ça vraiment magnifique, en fait, comme utopie.
Et tu prenais l'exemple du militaire, il y avait d'autres thèmes de sobriété
qui t'ont surpris ? Oui, la sobriété administrative.
Alors ça, ça m'a fait beaucoup rire aussi, c'est que les gens ont beaucoup parlé
de ça, des difficultés, des paperasses, de cette complexité informatique aussi,
mais il y en a plein qui ont dit aussi qu'ils sont conscients que le numérique,
c'est pas juste du vent, ça pollue.
Aussi, clairement, il y a une matérialité, c'est-à-dire il y a des réseaux,
il y a de l'électricité, enregistrer les données, les garder sur un serveur
quelque part, ça consomme de l'électricité.
Donc, tout ça, en fait, c'est de la pollution.
Et donc, si on simplifiait, si on était plus sobre en termes administratifs,
c'était la question de la confiance aussi.
Comment on peut se faire plus confiance ? On n'y est pas du tout,
on est plutôt dans le contrôle, dans une société de l'hyper-contrôle. Donc, c'est l'inverse.
Il y a pas mal de personnes qui aspiraient à une plus grande sobriété administrative
aussi en termes de démarches.
Et ça, c'est des choses que je ne m'y attendais pas. Je ne m'attendais pas à
ce qu'on l'exprime de cette manière.
On est focus sur l'énergie, sur les déchets, etc.
Mais quelles sont toutes les autres formes de déchets ? Donc,
je trouvais ça intéressant.
Est-ce qu'au-delà de la surprise ou d'élargir un peu les horizons sur ce terme
de sobriété, est-ce que ça a changé des choses dans ta vie au sens d'une pratique
ou de quelque chose que tu aurais modifié parce que, inspiré par une conversation,
par une discussion ou pas nécessairement ?
Alors, il faut dire que moi-même, étant déjà dans une démarche de longue date
de simplification dans ma vie,
disons que c'était dans la continuité de ce que j'essaye de faire,
modestement, comme de tout le monde.
Moi, j'habite à Mutterscholz, c'est vrai que c'est une commune qui permet déjà
beaucoup de choses aussi à ses citoyens.
Il y a un gros réseau associatif, donc ça permet évidemment des échanges et
de la solidarité qui n'est pas aussi commune dans d'autres endroits.
Mais je veux dire, ça m'a confortée dans le fait que les gens ont besoin de liens.
Ils ont besoin de solidarité. Ils ont besoin d'écoute.
Et donc, ça m'a confortée dans le chemin que j'ai envie de prendre et dans le
monde que j'ai envie d'offrir à mes enfants.
Et d'ailleurs, dans le spectacle, en fait, je me suis intégrée en tant que personnage habitante.
C'est-à-dire que je me présente à la fois comme conteuse qui répond à une mission
du territoire, enfin des élus du territoire.
Et je m'en vais avec mon petit baluchon, mon petit carnet d'interview.
Et en même temps, je me pose des questions. Je partage les questions que je
me pose en tant que parent ou en tant qu'habitante du territoire.
Donc là, ce que tu nous racontes, c'est la forme de ta création artistique.
C'est donc en fait un personnage, toi, qui est aussi conteuse et qui se balade
avec son baluchon, qui mène ses interviews.
Et ça, tu l'as mis en scène en
donnant à voir ou à entendre les questions que tu te poses dans ta tête.
Oui, c'est ça. C'est-à-dire que j'ai mélangé le réel et la fiction, on va dire,
parce que je mets de la fiction aussi, pour faire décoller les choses dans le
spectacle, pour qu'on puisse aller au-delà même des imaginaires,
des souhaits des gens, pour qu'ils puissent vraiment vivre l'utopie.
Pour moi, c'était très important. Très important parce qu'on a beaucoup de récits
anxiogènes, beaucoup de récits dystopiques, que ce soit dans les romans,
les films, dans les discours, dans tout ce qui est information autour de l'écologie aussi.
Et ça peut bloquer l'imaginaire en tout cas de certaines personnes. Sous-titrage ST' 501,
Ça peut les freiner, ça peut les faire se sentir tétanisés, impuissants.
Et moi, j'avais envie de redonner de la puissance. J'avais envie que les gens se sentent libres.
Se sentir libres, c'est ça, c'est se sentir libres d'imaginer et de pouvoir agir.
Je me sens suffisamment libre pour pouvoir agir et mettre en œuvre ce que j'ai imaginé.
Donc, ce n'est pas qu'un spectacle, c'est un spectacle qui donne à voir et à
rêver et qui donne après envie d'agir. Peut-être la question que j'ai envie
de te poser, c'est pour s'imaginer le spectacle.
Combien de temps il dure ? Où est-ce que tu l'as joué ? Auprès de quel public
? Sous quelle forme ? Est-ce qu'il a différentes formes ? Parce que j'avais
retenu qu'il pouvait avoir différentes formes, je crois.
Est-ce que tu peux nous décrire tout ça ? En fait, à la suite des interviews,
j'avais quand même une vingtaine d'heures d'enregistrement et ça faisait beaucoup d'informations.
Donc, j'ai dû me recentrer sur les communs. Qu'est-ce qui est vraiment revenu
à l'essentiel ? Et ma ligne conductrice artistique, c'était de faire comme si
tous les souhaits des gens devenaient réalité.
Comment ça se passerait si vraiment on mettait en place toutes les idées très
concrètes, parce que les gens, ils n'étaient pas olé-olé, et ils m'ont donné
vraiment des idées très concrètes sur comment on pourrait changer les choses.
Eh bien, si ça se passait vraiment, comment ça se passerait ?
Sur quels obstacles on tomberait et comment on les dépasserait, etc.
Et puis, qu'est-ce que ça donnerait en vrai à la fin, mettons,
dans pas trop longtemps, dans dix ans, si toutes les choses étaient mises en place dès maintenant,
qu'est-ce que ça donnerait à voir, dans quel monde on vivrait,
à l'échelle du territoire, dans notre quotidien, qu'est-ce que ça donnerait ? Je pars de moi.
Mes petites questions que je me pose en tant que parent, en tant qu'habitante du territoire.
Je vois que le monde change autour de moi et je me demande bien qu'est-ce que
je vais transmettre à mes enfants pour qu'ils puissent vivre bien dans un futur simple.
J'ai volontairement appelé mon spectacle « Futur simple » parce que c'est vraiment
ce mot qui était le leitmotiv de toutes les interviews que j'ai eues.
C'est ce besoin de simplicité.
Et là, tu l'as déjà joué, si j'ai bien compris, une ou deux fois déjà ?
Alors, je l'ai joué deux fois.
Je l'ai joué au mois de décembre à la médiathèque de Célesta,
où j'ai réalisé le premier épisode du spectacle, parce que le spectacle se joue en trois épisodes.
Trois épisodes par rapport à trois grands thèmes qui sont revenus.
À l'intérieur de ça, j'ai mis des sous-thèmes, parce que j'avais identifié une
vingtaine de thèmes dont les gens m'ont parlé.
Ah oui, quand même ! Autour de la sobriété, c'était un peu compliqué de les
rassembler, mais voilà. Et c'est quoi les trois épisodes ? Alors,
le premier épisode, ça parle clairement de ce qui est le plus important pour
vivre bien dans un futur simple, c'est l'alimentation.
Ah, ok. L'alimentation et donc comment faire une alimentation qui ne pollue pas ou moins.
Il y a toute la question de la relocalisation de l'agriculture.
Voilà, donc là aussi, on va parler de la guerre et relocalisation et aussi comment
on peut soutenir le bio et la biodiversité.
Voilà, et tout le réseau aussi de distribution courte.
Donc ça, c'est l'alimentation. Le deuxième épisode, ça concerne plus la reforestation,
comment on travaille sur le dérèglement climatique, réchauffant,
mais aussi inondation, puisqu'on est en zone inondable.
Donc, c'est un territoire qui est clairement concerné par les inondations.
Qui est déjà un petit peu adapté.
Il y a des infrastructures qui sont mises en place pour vivre avec les inondations, mais quand même.
On est quand même exposés. Oui, et puis j'entends infrastructures,
et là j'entends le titre reforestation,
et peut-être que les infrastructures d'adaptation ont été très minérales,
là où il y avait un souhait, en tout cas peut-être que je lis ça à travers le
nom de la reforestation, un souhait de trouver des solutions d'adaptation fondées sur la nature,
et donc plutôt planter des arbres pour permettre de mieux gérer l'augmentation des inondations.
Oui, c'est en lien avec ça, mais aussi en pleine d'Alsace, on est très exposés
aux fortes chaleurs, Et donc,
ça crée aussi paradoxalement des moments de sécheresse intense et aussi des
difficultés pour la population de vivre avec ces 40-45 degrés qu'on peut avoir en pleine Alsace,
qui limitent les déplacements, notamment pour les personnes plus fragiles.
Voilà, donc ça c'était la reforestation et les conséquences aussi de la reforestation
et de la biodiversité, donc le retour du sauvage dans le cultiver,
les conflits que ça peut générer,
les difficultés à accueillir ça, parce qu'en Alsace, on est habitué quand même
à une grande maîtrise de la nature.
Dans la culture, il faut que ce soit propre et net. C'est très carré.
Donc, ça demande aussi un changement de culture. Et là, c'est intéressant aussi
de parler du côté réfractaire, quoi, justement, de qu'est-ce qui pourrait freiner,
qu'est-ce que ça peut créer comme conflit, comme difficulté.
Comment, du coup, on va recréer du débat public à travers des stamptiches.
Donc, c'est des lieux, en fait, historiquement, qui étaient dans les auberges.
C'était la table des habitués, on va dire.
Mais la table des habitués, c'est pour tout le monde. C'est vraiment une table
où, quand on s'est assis, on sait qu'on va parler avec les autres.
De tout, n'importe quoi. Mais c'était là où on refaisait le monde,
où on faisait débat, où les grandes questions du village étaient traitées.
Dans le temps. Et donc, l'idée, c'était de refaire des stammetiges publics dans
l'espace public, avec des nouvelles règles du jeu de la démocratie participative.
Le troisième thème, c'est le lien social.
C'est la tendresse, c'est le retour à comment on fait pour avoir plus de temps
et plus de disponibilité pour être avec les autres.
Avec ses enfants, son conjoint, ses voisins, sa famille, toutes les personnes avec qui on vit.
Et là, il va y avoir un grand sabotage des écrans par les enfants.
Et puis, un grand, grand piratage des réseaux de communication.
Et voilà, je n'en dis pas plus. Ah non, il faut garder le suspens.
Et donc, celui-là, tu ne l'as pas joué encore, c'est ça ? Si,
je l'ai joué. Celui-là, je l'ai joué justement.
Il manque le deuxième. Le deuxième épisode, je ne l'ai pas encore joué en public.
D'accord. Mais voilà, l'épisode sur le lien social, je l'ai joué au vœu du maire
de Baldenheim, le village à côté, devant 200 personnes.
C'était bien intéressant de voir les réactions du public. Bah oui,
c'était quoi les réactions du public ?
Eh bien alors, les enfants étaient super contents parce que l'idée,
c'était justement de comment faire quitter les écrans à leurs parents et à leurs
grands frères et sœurs. Et voilà, pour les retrouver quoi.
Au point que même les doudous ne servent plus parce qu'après,
ils sont tellement occupés à faire des choses ensemble que finalement,
on n'a plus le temps pour les écrans, mais on n'a même plus le temps pour les doudous.
Et donc, c'est rigolo parce que les doudous vont partir en mission de réconfort
pour les entreprises qui périclident, les patrons de Facebook, Twitter, etc.
Mais voilà, en tout cas, le leitmotiv, c'est la tendresse et que la tendresse
est un des ingrédients essentiels du monde auquel ils aspirent, du monde du futur.
Voilà. Et donc, oui, ça a bien plu aux enfants.
Certains adultes étaient un peu sceptiques en se disant, oui,
mais quand même, si on fait disparaître Internet, mais c'était juste une panne,
mais ça a provoqué une angoisse.
Comment on pourrait vivre sans Internet ? Ce n'est pas possible.
Je ne dis pas vivre sans Internet, mais peut-être qu'on pourrait l'utiliser différemment.
Oui, et puis c'est sûr que, je ne sais pas, à toute personne qui a besoin,
par exemple, de se faire connaître, qui aurait besoin d'une réputation et dont
son salaire dépend d'une connexion, d'un lien via un réseau social, via que sais-je,
ou d'être appelé, contacté ou d'avoir son site web vu, forcément,
ça peut créer une appréhension si notre revenu, si notre vie dépend notamment de ça.
Mais sinon, à part ça, j'imagine qu'il y a aussi beaucoup de joie dans l'idée de déconnexion.
Il y avait un autre sujet que tu m'avais évoqué. Là, tu ne nous en as pas parlé.
C'est que tu t'étais... En tout cas, tu avais envie ou tu t'es appuyée sur des
contes traditionnels et des chansons.
Dis-moi. Alors, au départ, j'avais cette idée.
Et puis après, j'ai eu tellement de matière. J'ai eu tellement de paroles.
Tellement de choses intéressantes à dire avec ce que les gens m'avaient amené.
Il n'y avait plus de place pour les contes traditionnels.
Mais par contre, ce qui est vrai, c'est que, comme toujours,
ce qui passe bien, c'est de dynamiser le récit en amenant de la variation de
rythme et de la musique, ce genre de choses.
Donc ça, je l'ai fait. Et je commence le spectacle par notamment une chanson
qui est très populaire ici en Alsace qui s'appelle Hans im Schnokeloch. Tu veux nous la faire ?
Ou un petit aperçu peut-être ? Alors, je peux la chanter en français,
parce que je la chante aussi en français, pour ceux qui ne parlent pas alsacien.
Et ça dit « Le Hans du trou de moustique, il a tout ce qu'il veut.
Le Hans du trou de moustique, il a tout ce qu'il veut.
Et ce qu'il a, il ne le veut pas. Et ce qu'il veut, il ne l'a pas.
Le Hans du trou de moustique, il a tout ce qu'il veut. »,
Et cette chanson, en fait, c'est un hymne populaire. Tout le monde sait la chanter.
Oui, qui rassemble tout le monde. Et si tu commences à l'entonner,
tout le monde de la salle le chante, quoi, en fait, c'est ça ? C'est ça, exactement.
Et donc, cette chanson, en fait, c'est marrant parce qu'elle parle bien du thème.
C'est-à-dire qu'au départ, c'est l'histoire d'un homme qui n'est jamais content de ce qu'il a.
C'est un homme riche, en fait, un aubergiste apparemment, qui aurait été vraiment
pas agréable avec ses clients et qui faisait toujours des manières et qui n'était
jamais satisfait alors qu'il avait tout ce qu'il pouvait rêver dans sa vie.
Et donc, je leur ai demandé un petit peu aussi aux gens en quoi est-ce que ça
vous parle de la culture alsacienne, cette chanson.
Ils disent que c'est vrai que nous, on vit dans une région qui est assez riche,
assez prospère, qui a toujours été quand même bien pourvue, même en termes agricoles.
Je veux dire, c'est des terres qui sont riches, etc.
Mais les gens sont quand même tellement exigeants. Il y a une forme d'exigence
qui peut être très positive, parce qu'en général, dans la culture alsacienne, ce qu'on dit, on le fait.
C'est assez fiable, etc. Mais
en même temps, il y a aussi ce côté d'insatisfaction, c'est jamais assez.
Et donc, ça parlait bien du terme sobriété. En quoi est-ce qu'aujourd'hui,
on peut être content de ce qu'on a ou pas ?
Qu'est-ce qui devrait changer ? C'était le moteur à débat. Je commence toujours
par cette chanson. Et puis après, l'histoire commence.
Et puis, j'ai intégré d'autres chansons comme La tendresse de Bourville,
où j'ai détourné des mélodies.
Par exemple, Les agriculteurs s'expriment en chansons.
Ça devient un peu comédie musicale, parce que sinon, c'est un peu trop complexe.
Toute la crise agricole à expliquer comme ça, ça serait un peu ardu et peut-être
un peu difficile pour les enfants pour écouter.
Donc, je l'ai mis en chanson et ça passe beaucoup mieux.
Avec des refrains, avec leurs revendications dites en chanson,
c'est quand même plus sympa.
C'est le genre de choses que j'ai mis. Là, c'est vraiment la touche vraiment artistique.
Et puis, il y a toujours une part de magie. C'est-à-dire qu'à partir du moment
où mes personnages sont vraiment complètement désespérés, il va y avoir un ressort
magique qui va leur permettre de dépasser.
Là où, pour l'instant, dans notre société d'aujourd'hui, on est bloqués,
il va y avoir un petit revers qui va débloquer la situation.
Et une chanson, et un peu de joie, et un peu de lien collectif.
Et derrière, la magie opère. Voilà, voilà, voilà.
Et donc, par exemple, on va avoir un super téléphone rouge. Vous savez,
les téléphones des urgences entre la Maison Blanche et le Kremlin.
C'est du temps de la guerre froide, mais je ne sais pas, je pense que le téléphone
rouge existe encore. Oh oui, fort possible.
Et donc, c'était pour éviter qu'il se balance des bombes atomiques sur la tête,
évidemment. C'est pour éviter que la Terre ne disparaisse quand même, ce téléphone rouge.
Et donc, il y a un téléphone rouge à la communauté de communes de Sélestat. C'est merveilleux.
On peut appeler en direct une personne de pouvoir de son choix.
Et donc, bien sûr, on va appeler Macron qui sera en pleine réunion avec Trump
ou avec Poutine, on ne sait pas très bien, mais en tout cas,
voilà, c'est des petites choses qui vont permettre que ça débloque la situation
pour provoquer la situation qu'on rêve de vivre.
Et la faire advenir par moyen. Merci, le spectacle a ce côté magique possible.
On peut appeler le téléphone rouge, on peut entonner une chanson ensemble et
débloquer ensemble des solutions. Des solutions, oui, voilà.
Merci beaucoup Geneviève. Je vois que ça fait déjà un petit moment qu'on est ensemble.
Peut-être que tu peux nous en dire un peu plus. Où est-ce que vous en êtes dans
le projet ? Quand est-ce qu'il se termine ? Si on pourra le suivre,
justement, voir les petits cas dessus de vidéo ? Parce que je crois qu'il y
a un documentaire aussi qui a été filmé sur tout le processus. Oui, exactement.
Quand est-ce qu'il sera disponible ? Où est-ce qu'on pourra le voir ? Etc.
Alors, moi-même, je ne sais pas encore tout. Je ne connais pas encore toutes
les dates de spectacle parce qu'on est en cours d'organisation avec les communes.
Et pour la réalisation du documentaire, le vidéaste a filmé tout ce qu'il devait filmer.
Il a fait vraiment un reportage sur les interviews, sur ma démarche de création artistique, etc.
Il a filmé aussi des représentations. Et donc, il est en train de faire le montage.
Je vais mettre un lien sur mon site Internet, de toute façon.
Genevierwendelski.be.
Et alors sur le site de la Communauté de communes de Sélestat,
il y aura aussi le lien vers les dates de spectacles qui vont avoir lieu jusqu'au 30 juin 2025.
Il y a encore neuf représentations d'ici au mois de juin. Si vous êtes dans
le coin, peut-être que vous aurez l'occasion.
Et sinon, le documentaire sera sans doute visionnable sur le site de la Communauté
de communes de Sélestat. Ok.
Je mettrai les liens vers ton site web et vers la Communauté de communes de
Sélestat dans dans la description de l'épisode.
Et puis, n'hésitez pas, chers auditeurs, auditrices, ça peut faire aussi un
chouette voyage en Alsace, d'aller voir à Mutterscholz les prochains spectacles.
Vous avez jusqu'à le juin pour vous organiser en vélo, en train ou comme vous
voulez, en moyen sobre, en tout cas.
Merci encore Geneviève pour cet épisode, cet échange.
J'ai trouvé vraiment ce processus que tu as proposé, mené, passionnant, inspirant.
On aura encore beaucoup à discuter. Je pense que je vais regarder avec grand
intérêt ce documentaire et j'aurai beaucoup de plaisir à rééchanger à l'occasion.
Merci beaucoup. Oui, avec plaisir, moi aussi. Merci. Au revoir. Au revoir.
Musique.
J'espère que cet épisode vous a plu. Grâce à ces partages d'écoute et de réflexion,
de discussions authentiques, de doutes, de contradictions et de joies simples du quotidien,
j'espère vous donner envie de mener votre propre enquête pour construire collectivement
une alternative aux exploitations en tout genre.
Musique.
Je remercie Emric Priolon pour notre amitié de plus de 40 ans qui réalise l'habillage
et le montage sonore de ce podcast.
Ingrid de Saint-Thomas pour son aide sur l'habillage visuel.
Barbara Nicoloso, directrice de Virage Énergie pour sa commande sur la sobriété
qui m'a mis le pied à l'étrier,
Alexandre Monin et toute la communauté de la redirection écologique pour leur.
Musique.
Soutien et leur enthousiasme Et bien sûr, mes invités sont qui ces épisodes n'existeraient pas.